Pipa et Nicole font de l’automédication

Ce qui est bien avec Pipa (ou même Nicole, car quelque part, c’est un peu le même genre de personnages, des gens qui sont souvent dans l’à-peu-près – pas forcément pour les mêmes raisons mais le résultat est le même : Nicole, c’est par manque d’éducation et Pipa, par égocentrisme superficiel), c’est que derrière la bêtise, il y a la drôlerie. Je suis désolé mais moi, Pipa, elle me fait rire. Bien sûr, c’est à ses dépens mais ce n’est pas grave car de toute façon, elle ne comprend pas pourquoi. Nicole non plus mais Nicole, au vu de toute la vie qu’elle a vécue, même si elle n’a pas toujours été gentille, quelque part, on lui pardonne un peu. Enfin, on lui pardonne, on lui pardonne… Juste un peu car après, il ne faut pas exagérer non plus. Mais bon, eu égard à son âge un peu avancé…

Revenons à Pipa qui a mal à la gorge et qui a demandé à Nicole si elle ne pouvait pas lui donner quelque chose mais comme Nicole n’est pas toujours généreuse, elle s’est contentée de lui dire d’aller à la pharmacie et là, franchement, ça valait le coup d’assister à cette espèce de sketch involontaire. En effet, quand le préparateur (très au goût de Pipa) lui a suggéré de prendre un sirop analgésique, Pipa s’est littéralement offusquée sans savoir ce que ce mot pouvait signifier. « Il paraît que je me suis offusquée, si Stéphane le dit, c’est que ça doit être vrai ! » Elle a refusé de prendre des suppositoires pour la gorge car, à son idée, ça n’était pas le bon trou pour se soigner. Et quand le pharmacien lui a confirmé qu’il s’agissait bien d’un sirop, elle a dit qu’il ne fallait pas la prendre pour plus bête…

« Non mais, Nicole, tu te rends compte, il a voulu me donner un sirop analgésique. Tout le monde le sait bien que ce qui commence par anal, c’est pour les fesses, pas pour la gorge. Sauf les analyses d’urine mais là, on est presque dans le même endroit. » Et moi, c’est juste à ce moment-là que je suis passé près d’elles et que j’ai entendu leur conversation. Je n’ai pas pu m’empêcher de lui dire : « Non, Pipa, s’il te plaît, ne me dis jamais pourquoi tu vas chez l’oculiste, toi, je préfère ne pas savoir. » Elle m’a regardé sans cligner des yeux pendant au moins cinq secondes avant de me rétorquer : « Ne m’offusque pas, Stéphane, je sais très bien que c’est justement chez l’oculiste qu’on prend des analgésiques. Je ne suis peut-être pas infirmière mais ça, au moins, je le sais. » Que répondre à ça ?