happening dans le tram

J’étais en train de lire, tranquillement, debout dans un coin de ma tête. Oui, debout car, de toute façon, maintenant, dans le tram, c’est difficile de trouver une place assise. Même à mon âge. Qui n’est pas vieux mais qui ne va pas tarder à l’être. Et là, soudain, j’entends et je vois une dame monter lors de l’arrêt dans une station, une dame un peu âgée avec un petit chariot pour aller faire ses courses et elle aurait voulu s’asseoir à une des places réservées aux personnes handicapées, âgées ou aux femmes enceintes. Mais la place était prise par une petite gamine de peut-être 18 ans, avec un bébé dans les bras et un autre dans une double poussette qui encombrait le hall du wagon. La gamine a rechigné mais la dame un peu âgée a insisté. Et derrière moi, assises, se trouvaient deux autres femmes, l’une de peut-être 25/30 ans et l’autre, de 55/60 ans. Cette dernière avec les pieds sur le siège en face d’elle.

Et un monsieur aux cheveux blanchissants a jugé bon de s’en mêler et a dit à la dame de 55/60 ans : bravo pour vos pieds sur le siège, c’est propre ! « Je fais ce que je veux ! » Vous ne le feriez pas chez vous ? « Si je le fais chez moi ! » Eh bien, ça doit être propre chez vous. « Je t’ai rien demandé, tu me fous la paix. » Et la gamine avec le bébé dans les bras s’y est mise, elle aussi, contre le monsieur d’à peu près mon âge : « Tu fermes ta gueule, on t’a dit qu’on ne t’avait rien demandé ! » Et le monsieur de dire à la jeune et aux deux autres qu’en plus, elles n’avaient pas de masque pour se protéger et protéger les autres. « Je m’en fous, je l’ai moi, le coronavirus ! » a crié la gamine. Et ainsi de suite, l’ambiance était épouvantable et moi, je n’en menais pas large car au fond de moi, je pensais comme le monsieur. Je trouve qu’il y a un minimum de respect des lieux publics à respecter et le tram en fait partie. Mais je n’ai rien dit.

Je n’ai rien dit mais je n’en ai pas pensé moins. J’ai déjà eu l’occasion de faire des réflexions devant de telles situations de pieds sur les sièges, surtout les jours de pluie mais comme je ne veux pas prendre le risque de me prendre un coup ou de me faire agresser, même si ce n’est qu’en paroles, je m’écrase, dorénavant. Mais je peux vous dire qu’au fond de moi, je soutenais l’autre monsieur. Et je l’encouragerais virtuellement à ne pas baisser les bras, à continuer de leur tenir tête. Heureusement, je suis sorti du tram et je n’ai pas assisté à la suite de ce happening. Mais j’y repense souvent. Malheureusement, je suis sorti du tram et je ne saurai jamais comment ça s’est terminé. Avec un peu de chance, le monsieur s’est transformé en justicier et sorti sa combinaison de super héros et il les a fait sortir du tram, ces trois femmes et leurs deux bébés et tout le monde a peut-être poussé un soupir de soulagement.