des écus

Si on m’avait dit ça, il y a quelques semaines, je ne l’aurais sans doute pas cru. Parce qu’il y a longtemps, une éternité que je ne suis pas allé là-bas, au Bouscat. Station Les écus. Station de tram. L’avant-dernière avant le grand Jardiland dans lequel j’avais plutôt mes habitudes, avant de déménager au centre-ville. Avant, quand je passais dans le coin, c’était principalement en voiture. Sauf que je venais exprès, sauf quand je descendais à cette station. Station de tram. Station Les écus. Et hier, ça a compté pour une fois et tout à l’heure, ce matin, je vais y retourner et ça comptera pour deux fois. Et après-demain ? Après-demain, je n’ai pas prévu d’y retourner. De toute façon, à quoi bon, hein ? Si, peut-être, je pourrais certainement y aller les yeux fermés. Par cœur. Cœur battant. Cœur battu.

Et suivant comment je monte dans le tram, soit en tête, soit en queue, je ne prends pas le même chemin pour aller voir où je peux aller me perdre, dans quel regard me noyer et dans quel abandon m’oublier. Si je monte en tête, c’est simple, je traverse les voies et je coupe par les immeubles et les parkings. Et si je monte en queue, c’est simple aussi, juste un peu plus long, je traverse les voies et je prends la petite allée bordée d’arbres et d’une école, la Chenille verte et je rejoins le parc de la Chêneraie, dont je traverse un bout et je tombe sur Pompompidou sauf que là, je n’ai aucun anniversaire à souhaiter. Il n’empêche qu’il y a des signes. Normalement, je n’avais aucune raison de revenir là sans y être invité mais si, il m’a suffi de prendre deux rendez-vous, un hier après-midi et un ce matin pour que…

Maintenant, quand je vais chez Jardiland, je vais plutôt à Villenave d’Ornon car depuis le centre-ville de Bordeaux, quelque part, c’est un peu plus facile. Mais je sais que je reviendrai aux Écus car maintenant que je connais cette « nouvelle » adresse, comme j’en aurai encore certainement besoin, oui, je reviendrai, station Les écus. Station de tram. Drôle de tram. Drôle de drame. Mélodrame. Drame mélancolique. Bien sûr que ça m’a fait quelque chose mais j’étais accompagné, hier, je n’aurais même pas pu imaginer… Non, ce n’est pas mon genre. Ce matin, j’y vais seul. Dans quelques heures. Quelques petites heures. Que représentent-elles au regard de certaines éternités ? Pas grand-chose. Que représentent-elles au regard de ce à quoi je pense ? Encore moins. Station Les écus. Station de tram.