des retraités plus que moi

Ils étaient au moins cinq et c’était déjà une bande à eux tout seuls. Il y avait trois nanas et deux mecs. Je devrais dire trois femmes et deux hommes car vu leur âge, on n’était plus avec des perdreaux de l’année. Ah non, c’étaient vraiment des retraités plus que moi. J’ai envie de dire que malgré leur apparence bien mise, ils devaient avoir au moins soixante-dix ans. Ils étaient tous plus ou moins chic et je peux vous dire qu’aucun d’entre eux ne portaient de jeans et même si les femmes n’étaient pas en robe ou en jupe, elles ne portaient que des pantalons très élégants. Il faut dire qu’il ne faisait pas très chaud. Moi, je me suis assis sur le banc à côté du leur. Et j’ai commencé à vouloir lire. Mais ça m’a été un peu difficile. Parce qu’ils parlaient assez fort, malgré tout, dans la bande des cinq. Et je les ai donc écoutés. Plus ou moins.

Il paraît qu’on risque d’avoir de la pluie, cette nuit et surtout demain. Oui, parce que cette nuit, on s’en moque un peu. Oui, moi, la nuit, je dors, alors il peut pleuvoir partout, ça m’est complètement égal. Et donc il pleuvrait demain ? Oui, il va pleuvoir demain. On peut donc dire qu’on a de la chance d’avoir du soleil aujourd’hui. Oui, il fait un peu froid mais il fait beau. En même temps, il est bientôt 16h, forcément, le froid tombe encore vite en cette saison. Et vous pensez que la pluie va durer plusieurs jours. Vous savez, je n’écoute la météo que pour le lendemain quand je ne pars pas car souvent, ils se trompent. Il y a longtemps que vous n’êtes pas parti, d’ailleurs, non ? Oui, je repars sur Biarritz à la fin du mois. Et vous resterez longtemps ? Peut-être trois semaines. J’espère pour vous qu’il fera beau là-bas. Merci.

Je reconnais que j’ai été captivé par leurs discussions à bâtons rompus. Là, j’ai tenté de vous reproduire la partie concernant la météo mais il y a eu aussi celle sur les médicaments et celle sur les programmes télé. C’est fou comme je n’ai pas pu m’arrêter de les écouter alors que franchement, ça n’avait pas un intérêt majeur mais vous voulez que je vous dise ? Quelque part, je les ai un peu enviés, ces sexagénaires ou plus car ils avaient l’air en forme, ils formaient une bande de camarades de banc public à défaut d’une bande d’amis, ils se vouvoyaient et semblaient passer du bon temps. Alors je pense que la prochaine fois qu’il fera soleil, l’après-midi, il n’est pas interdit que je retourne là-bas pour voir s’ils sont revenus. Et j’écouterai de nouveau leurs conversations. Mais on ne sera jamais amis je suis trop jeune.