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22 novembre 2013

la bande à Basile

Finalement, je me suis trompé, hier soir. Ce matin, je n’étais pas tout seul dans le premier tram pour Lormont. Non pas loin s’en faut mais un peu quand même. Je suis descendu, ça commençait plutôt bien, j’étais effectivement tout seul sur le quai. J’ai bien entendu, aperçu, vu quelques noctambules qui passaient et repassaient (à moins que cela n’ait pas été les mêmes mais ils se ressemblent tous quand ils sont épuisés de fête alcoolisée, surtout les filles) mais aucun ne semblait vouloir ou n’avoir besoin de monter dans le tram qui n’allait pas tarder. C’était une chance. Je m’étais levé de la main gauche et je ne me sentais pas d’humeur à supporter les ruines tapageuses que sont ces étudiant(e)s en auto-largage nocturne cinq fois par semaine. Et encore moins à subir les agressivités de ceux qui ont le vin mauvais. Et encore pire pour le whisky et la vodka. Bref, j’avais envie de profiter de mon tram personnel comme si j’étais un milliardaire avec son jet privé. Moi, je me contente de peu, je suis un travailleur des petits matins perdus et je n’aime pas les intrusions de ces jeunes désœuvrés qui ne savent même plus où ils habitent ni ce que c’est que d’avoir un peu de dignité. Surtout en public. Voilà, moi, ma bile, c’est ainsi que je la vomis. Je ne suis pas comme eux qui ne savent pas toujours se tenir de ce côté-là. « C’était génial, j’ai pris une de ces cuites et j’ai tout dégueulé dans le tram ! »

Ce matin, je me suis avec l’envie de n’être avec personne. De ne voir personne. Et de n’entendre personne. Pourtant, c’est bien la stridence encore un peu allumée d’une nana imbibée que j’entendais sans la voir. Mais je croyais, j’espérais que ça n’allait pas venir dans mon champ de vision, dans mon tram, dans ma bulle. Tu parles… Je m’installe et comme je le disais au paragraphe précédent, m’étant levé de l’oreille gauche, je ne me sentais pas spécialement l’envie de me retrouver avec Sacha. Sacha, j’aime tellement passer du temps avec lui (cf. billets des 13 et 14 novembre) que parfois, il m’agace et je n’ai plus envie de le voir. Pas envie de le lire. D’autant moins quand je ne me sens pas d’attaque pour être avec lui. Pas plus lui qu’un autre. Et pourtant, et pourtant, et pourtant, je les entends venir. Je l’entends surtout elle. Passer près de moi et s’asseoir en parlant fort comme si ça pouvait intéresser quelqu’un dont moi. De toute façon, il n’y a que moi. Et justement, ça ne m’intéresse pas. « Tu te rends compte, il y a peut-être des gens qui vont bosser à cette heure-là ! Moi, je le ferai jamais, ça. Je préfère faire la fête. » Ta gueule, poufiasse. Si j’osais, je te dirais de la fermer, ta grande gueule déformée par une nuit de débauche. Ça ne m’intéresse pas ce que tu déboises. Pour un peu, j’aurais envie de lire rien que pour pouvoir me plaindre de ne pas pouvoir à cause du raffut que tu m’imposes.

Un jeune monte à la station suivante. Il vient directement vers moi. « Pardon monsieur, vous connaissez pas un Mac Do dans le coin ou un truc où je pourrais manger quelque chose ? » Non, je ne connais rien dans le coin. « Ah bon ? Et la gare, c’est dans cette direction ? » Non, ce n’est pas dans cette direction. Il faut changer au prochain arrêt. « Parce que j’ai vachement faim et comme j’ai fait la fête toute la nuit… » En fait, tu sais, je m’en fous, ça ne m’intéresse pas, que je lui balance en sortant mon livre. J’ai envie d’être tranquille et de lire. Ce n’était pas vrai mais j’avais envie qu’il le croie. « Et vous auriez pas une cigarette ? » Non, je ne fume pas et maintenant, tu me fous la paix, tu descends là et basta ! Non, mais pour un peu, je serais devenu violent avec ce petit con. S’il savait que je m’étais levé de mes muscles gauches… Lui, là, et les deux autres, là-bas, la nana insupportablement tapageuse et son mec, baba devant elle, cette espèce de bande de terrorisme du bien-être, la bande à Basile, allez jouer à faire la queue-leu-leu chez vous mais foutez la paix à ceux qui vont bosser à 5h du matin, quand j’ai des frissons et que je pourrais me transformer en justicier. La prochaine fois, je sais pas ce que je serai capable de le faire mais une chose est sûre, je serai capable de l’écrire. Et avant de finir ce billet, j’espère que vous aurez eu une gueule de bois gigantesque aujourd’hui. Ça m’aura vengé.

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