le doigt dans le trou

Je vous jure que ce que je vais vous relater est vrai. Ça s’est passé hier soir, alors que je rentrais de chez le patron, je rentrais chez moi, il était un peu plus de 17h et les réverbères dans les rues et les vitrines commençaient à être sérieusement allumés. Il régnait une ambiance de fin de journée, de fin de journée de travail pour beaucoup d’autres gens et de simple promenade pour nous, les retraités. De simple promenade ou de trajet personnel pour se rendre d’un point A vers un point B. Comme moi. Parce que je suis aussi et évidemment membre de cette fabuleuse congrégation des pensionnés. Et je peux vous dire que ça me prend la tête, surtout avec le président, quand il s’agit de faire un bilan de nos revenus des deux années passées pour contrôler voire modifier notre taux de prélèvement à la source.

Et donc, j’ai dû faire un courrier à l’administration fiscale et ça m’a donné mal à la tête car le président, il aurait aimé avoir une réponse à notre message dès hier soir alors qu’on le sait bien, ils ne vont pas répondre après une certaine heure qui correspond à celle à laquelle les gens rentrent, au moment, quand la nuit tombe et que les réverbères et les vitrines des magasins commencent à s’allumer plus que sérieusement. Vous voyez donc où je voulais en venir ? Exactement à ça : un couple avec un petit garçon encore en âge de passer du temps dans une poussette (à ce propos, pourquoi les petits enfants ne peuvent-ils plus voir leurs parents quand on les promène ? Depuis pas mal de temps, déjà, ils leur tournent le dos et respirent tous les pots d’échappement. Une ouverture sur le monde ? C’est étrange.)

Sauf que là, hier soir, le petit garçon était debout et il est allé directement à la vitrine du magasin de jambons espagnols, là où on trouve le meilleur sandwich du monde, paraît-il, préparé avec du Pata Negra) et, sur un côté du magasin, il y a deux cochons, en bas, comme s’ils étaient directement sur le trottoir (difficile à expliquer comme ça mais moi, je me comprends, c’est déjà ça) et le gamin y est allé sans se poser de question mais en poussant des cris de ravissement. Il ne parlait pas encore très bien et il a mis son index exactement sur l’anus du cochon, juste en-dessous de sa petite queue courbée (ça me rappelle un billet sur les bananes, ça, tiens !) et moi, en voyant ça, ça m’a fait rire. J’ai failli lui demander ce qu’il voudrait faire quand il sera grand, à ce petit mais je n’ai pas osé. J’ai quand même ma petite idée : proctologue, peut-être ? Quoiqu’il en soit, ça m’a fait la soirée et même ce matin, quand j’y repense.