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26 août 2023

je ne peux même pas lui écrire

Quand je pense que le dernier contact que j’ai eu avec lui, c’était au téléphone, pour une fois (ça n’arrivait pas si souvent que ça) et c’était le 3 août, je passais la journée à Agen, chez Pauline, avec le patron et Christian m’a appelé pour me parler de son hospitalisation proche. De mémoire, il devait son opération devait avoir lieu le jour de mon déménagement et je lui avais dit que je voulais qu’il prenne une télévision et un abonnement téléphone dans sa chambre et que je lui paierai. Christian n’avait pas beaucoup de moyens et régulièrement, je l’aidais à ma façon, en lui envoyant des livres, en lui achetant des timbres postaux, en lui faisant livrer un four portable ou un poste de radiocassette, comme il y a deux ou trois ans. Et pourtant, nous ne nous connaissions pas au sens physique du terme.

Nous ne nous connaissions pas car nous étions juste deux correspondants, nous nous sommes écrit des centaines et des centaines de lettres depuis 1996. Environ 27 ans de relation épistolaire riche car non seulement nous nous racontions nos vies mais nous en inventions d’autres, nous avons même créé des personnages, tous les deux (je pense à Léo Binvil qui doit être triste, lui aussi) et nous nous sommes autorisés à nous téléphoner mais jamais à nous rencontrer. Ça ne faisait pas partie de notre contrat du départ. Même quand je suis allé passer un week-end à Lille, il y a une quinzaine d’années, j’ai respecté notre engagement moral et je n’ai pas cherché à le voir. Jamais. Et puis, il y a quelques semaines, il m’a fait part de son cancer au côlon avec des métastases au foie. Bien sûr, j’ai vite compris que c’était grave.

Mais je ne pensais pas qu’il partirait aussi vite. Trois jours après son opération. Et moi, depuis deux semaines, j’attendais qu’il m’appelle puisqu’il m’avait promis qu’il prendrait un téléphone dans sa chambre. Et je me disais qu’il n’avait pas dû respecter sa promesse et je n’osais pas l’appeler chez lui, car je pensais qu’il était toujours hospitalisé. J’ai cherché le numéro de sa sœur que j’ai composé mais personne n’a répondu. Elle m’a rappelé en soirée et elle m’a appris la terrible nouvelle. Christian est mort. Il a été inhumé il y a une semaine et elle savait que j’existais mais n’avait pas mes coordonnées pour me prévenir. Ça a été une douche froide. Christian, c’était plus qu’un correspondant, c’était aussi et surtout mon confident. C’est le seul à qui je pouvais tout raconter. Je vous jure qu’il me manque déjà.

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Commentaires
J
Quelle belle «  rencontre », quelle belle histoire.<br /> <br /> Tristesse
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M
Des bisous de réconfort ❤️
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