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22 août 2023

et soudain, Chantal se figea (1/2)

« Et soudain, Chantal se figea… »
C’était la première ligne de la page de gauche que lisait ma voisine, dans la salle d’attente du docteur Lamarre. Nous n’étions plus que tous les deux, elle et moi et soudain, mon regard fut attiré par le bouquin que tenait cette femme un peu forte. Il m’est apparu si étrange que quelqu’un d’autre que moi vienne lire un roman dans une salle d’attente où traînent des revues par dizaines, des revues à tendance médicales mais surtout, des magazines people avec force potins, car, pour les potins, toujours on y revient et je me faisais toujours l’effet d’être un mec à part avec ma manie de venir attendre avec un livre dans les mains.

 « Et soudain, Chantal se figea… »
C’est tout ce que j’ai su lire à la dérobée, discrètement, sans en avoir l’air car je trouve ça plus jubilatoire de le faire en douce que franchement. Mais à peine eus-je le temps de lire ce début de phrase qu’elle ferma son livre et le posa sur la chaise à côté de celle sur laquelle elle était assise. Elle se leva, le bouquin face recto contre siège et se dirigea vers les toilettes. C’est à ce moment précis que mes narines eurent vent de certains relents de transpiration. Je me suis alors senti sous les aisselles, carrément, et, soulagé de constater que cela ne venait pas de moi, j’hésitai un instant entre rester à ma place ou aller me mettre plus loin, un peu à l’écart de toute odeur désagréable pour son retour. 
En même temps, j’étais un peu obnubilé par le livre qu’elle lisait et je n’en pouvais voir le titre ni le nom de l’auteur ni même la collection. Probablement un de ces romans à l’eau de rose, mieux que rien, c’est certain. Une vague photo d’auteur, une femme, était en quatrième de couverture, mais je ne pouvais pas bien voir. Il faut dire aussi qu’avec mes problèmes de vue, je ne pouvais pas jouer les inspecteurs Gadget comme ça, rien qu’en claquant des doigts.

« Il y a trop de gens qui t'aiment
Et tu ne me vois pas… » 
Un bruit de chasse d’eau, une porte qui se déloque et qu’on ouvre. Des pas et la voilà qui surgit de nulle part, certainement fort apaisée et soulagée d’avoir vidé sa vessie et elle revint évidemment s’asseoir à sa place, la chaise à côté de moi et elle reprit son bouquin, après un bref regard et un demi-sourire en ma direction, qui semblait me dire qu’il en prenait du temps, le patient qui était en ce moment avec le toubib. 
Je n’ai pas accepté d’être son complice et je n’ai opiné de nulle part. Pas même du bonnet. 
Les effluves âcres avaient réapparu. Je me suis fait une réflexion un peu idiote : est-ce que les personnes un peu fortes ne sont-elles pas plus sujettes que les autres à de fortes sudations surtout axillaires ?

Peut-être n’était-ce qu’une question d’hygiène, après tout.

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