mémoires de mes fesses (2)

Nous sommes contentes, nous avons vu quelqu’un que nous aimons bien, hier. Et ce fut d’autant plus une belle surprise que ce n’était pas prévu. Ça s’est fait comme ça, presque d’un claquement de doigt mais quand nous avons compris qui allait nous rendre visite, nous avons applaudi des deux lobes. Oui, parce que comme le dit notre propriétaire, quand il est content, ses fesses font bravo. Mais ce qu’il ne sait pas, Stéphane, c’est que ce n’est pas qu’une formule. Hier, nous avons vraiment fait bravo tellement nous étions contentes. Bien sûr, ça ne s’entend pas autant que quand les humains tapent dans leurs mains, mettons que nous, c’est plus visuel que sonore, pour nos applaudissements. Un peu comme ceux des sourds et muets quand ils font tourner leurs mains.

La différence entre les sourds et muets et nous, les fesses de Stéphane et même celles de tout le monde, c’est que nous, nous ne pouvons pas faire tourner les serviettes quand on entend la chanson de Patrick Sébastien et c’est tant mieux. Et on se demande, nous deux, si les fesses des sourds et muets sont également sourdes et muettes. En tout cas, nous, nous ne sommes pas sourdes : on aime bien recevoir des compliments. Il faut dire que ça n’arrive pas souvent. Mais nous sommes comme notre maître, nous, nous sommes sensibles et donc, on est vraiment très heureuses quand on reçoit des mots gentils comme quand on était plus jeunes : « il a un beau cul, Stéphane », ça fait si longtemps que personne ne nous l’avait dit juste comme ça, histoire de causer. À part le prof de gym ?

Oui, il est possible qu’un de mes anciens profs de gym nous ait complimentées, nous, les fesses de Stéphane, en disant que nous étions bien galbées et que les exercices que Stéphane faisait nous aidait à avoir une belle allure mais maintenant, depuis le début de la pandémie, Stéphane ne fait plus rien et nous, quelque part, ça nous fait un peu peur mais on a confiance, on ne peut pas passer d’un joli cul à un cul moche, même malgré le temps qui passe. Quand il travaillait chez Sonepar, de temps en temps, une assistante de Stéphane passait sa main sur nous en disant que nous étions plaisantes. C’était le bon temps. De là à dire que c’était mieux avant… En tout cas, nous avons passé une bonne journée, hier et ça va bien nous faire quelques jours de sérénité. On sait bien que ça ne dure jamais.