non consonnes
(la version sans rien qui dépasse)
non consonnes
a noir, e crème, i carmin, u raisin, o azur : non consonnes
moi, murmurerai en ces aurores vos naissances sournoises :
a, noir caraco suave aux osmies cornues soieuses
mais ronronnent voisines aux mauvais arômes amers,
anses noircies ; e, innocence aux âmes mais aussi aux casernes,
cannes aux moraines crâneuses, rois ivoirins, remous aux cimes ;
i, incarnés, races évacuées, rire aux commissures sereines
en un courroux ou en ces ivresses marries, navrées ;
u, séries, résonnances sacrées aux camaïeux marins,
union aux marnes semées (animaux) mais aussi aux rainures
car une nécromancie ancre aux énormes airs sérieux ;
o, souverain cor cuivré enivré aux renommées curieuses,
omissions creusées aux cosmos mais aussi aux aimés :
– o un omicron, connaissance mauve à ses iris !
encore na !
(et la version originale)
Voyelles
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,
Golfes d’ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;
U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides
Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux ;
O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
— O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
Arthur Rimbaud, Poésies
Et re-toc !