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29 avril 2023

incipits (2)

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Oui, ce début de poème, parmi les plus connus de Victor Hugo, est le seul que je connais par cœur. J’ai beaucoup plus de mal avec la suite. Je ne peux pas tout retenir, je ne suis pas un surhomme. Je peux éventuellement vous réciter l’Ode à Cassandre de Ronsard mais c’est probablement le seul poème que je sais comme ça, de tête. Et de cœur. Pour celui, bien sûr, moi aussi, je peux partir à l’aube car c’est mon heure. Mais je me demande si je puis demeurer loin de toi. Le puis-je longtemps ? Pour l’instant, oui. Et je m’interroge sur le fait que je suis peut-être en train d’essayer de battre un record…

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées, sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées, triste, et le jour pour moi sera comme la nuit. Seul. Moi aussi, je peux me sentir seul mais jamais longtemps, ce n’est pas comme pour vivre loin de toi. Encore que… Et puis, le dos courbé, perdu dans ses pensées, ça me ressemble tant… Les mains et les maux croisés. Et les mots impuissants. Et le sens du mélodrame. Oui, je suis capable de tout ça. Je peux être l’homme de la situation mais là, j’ai triché. J’ai ressorti mon exemplaire des Contemplations pour écrire la suite mais alors, il ne faut plus que je parle d’incipit. Juste de poésie. Et je ne recopierai pas la fin car ce n’est pas le propos de cette série de billets. Non, juste deux strophes, c’est tout.

Aujourd'hui ça fait six ans que nous sommes mariés, tu m'as donné de beaux enfants, tu sais. Depuis ce petit bal où l'on s'est rencontré, je n'ai pas cessé de t'aimer… Emmène-moi danser ce soir, joue contre joue et serrés dans le noir, fais-moi la cour comme aux premiers instants, comme cette nuit où tu as pris mes dix-sept ans… Non, toi, tu n’as pas pris mes dix-sept ans parce qu’ils sont bien trop loin, mes dix-sept ans. Moi non plus, je n’étais pas sérieux à cet âge-là et je ne le suis peut-être plus, même. Quoiqu’il en soit, si tu veux m’emmener danser un soir, n’oublie pas que pour l’instant, je porte toujours ma botte orthopédique. Donc, il ne faudra pas m’écraser les pieds. Mon petit doigt me dit que tu n’es pas du tout spécialiste de la valse. Juste de celle de l’hésitation. Comme moi. Mais moi, les deux.

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Commentaires
L
Victor Hugo, Ronsard et Michelle Torr dans le même billet, chapeau l artiste!!
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