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4 mai 2021

chambre 206 (4)

La semaine dernière, je suis allé te voir dans ta chambre 206, celle qu’on a envie d’oublier le plus vite possible et cette fois, je pense que ça va être probable. Sauf que je dis ça, mais je sais que ça va être difficile, j’y penserai souvent et je penserai toujours à toi, là-bas, à Parthenay. Et je n’oublierai jamais cette chambre nue aux murs bleus comme une arnaque, une promesse de douceur et/ou de bonheur qui n’existerait jamais. Pas là, pas dans cet endroit. Loin de moi d’en vouloir aux personnels soignants qui se sont occupés de toi mais franchement, j’aurais aimé ne pas les rencontrer, ne jamais les connaître car ça aurait signifié que tu ne serais jamais allé là-bas. Hier, tu es arrivé à Saint-Maixent, tu es presque revenu chez toi, quelle ironie. Trois kilomètres te séparent de ta maison, maintenant, c’est mieux.

La semaine dernière, tu étais dans ton fauteuil roulant, calé, coincé et ça m’a choqué de te voir comme ça car la fois précédente, tu étais encore debout, un peu faiblement mais encore debout. Et tu baragouinais encore un peu mais là, mardi dernier, tu étais encore plus ailleurs que les autres fois. Tu sais (ou pas ?), cet ailleurs dont nous sommes désormais privés, maman et nous. Entre toi et moi, qu’il y a-t-il d’autre que ce grand fossé infranchissable ? Mardi dernier, tu étais là, sans y être et tu nous as vus arriver, avec maman et rien, pas un sourire, à peine un peu de surprise comme si même nos visites ne pouvaient plus te surprendre. Et nous sommes allés dans ta chambre, la 206, pour la dernière fois avant ton transfert à Saint-Maixent, hier. Et ce moment terrible alors que nos regards se sont (peut-être) croisés…

Ai-je interprété ou ai-je vraiment vu comme une espèce de reproche dans tes yeux ? Autour de moi, on me dit que non, que je me suis fait un mauvais film. Mais moi, j’ai cette image au fond de moi, au fond de mon cœur et j’ai du mal à m’en défaire. Je vais m’en remettre. Surtout que maintenant, je sais que tu as quitté ta chambre 206, cette chambre que je n’ai jamais aimée, depuis près de trois mois. Et encore moins mardi dernier. Tu as mangé deux chocolats, tu as bu un peu d’eau, tes gestes étaient lents, comme difficiles. Je t’ai montré des photos. Tu as peu réagi. Sauf quand tu as vu que ce n’était pas toi que je te montrais. Là encore, il va falloir que je m’y fasse à cette évolution. Et il va falloir que je fasse comme toi, que je m’habitue à ta nouvelle maison, à ta nouvelle chambre, la chambre 13C.

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