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3 mai 2021

un paysage par la fenêtre

Il y a longtemps que je n’ai pas pris le train, ça me procure une sensation étrange, un subtil mélange de plaisir et de crainte. De plaisir car j’aime les voyages en train, l’ambiance dans les wagons quand on n’y est pas dérangé par des passagers indélicats car bruyants et j’aime voir les paysages défiler à toute allure et essayer de lire le nom de certaines gares mais au-delà d’une certaine vitesse, ça m’est impossible, sauf pour les grandes villes car là, le nom est affiché plusieurs fois. En revanche, dans beaucoup d’autres stations, on a à peine le temps de lire « sortie » ou « WC » ou « buffet » et on sait bien que les gares de Sortie ou WC ou Buffet, ça n’existe pas. La fiction peut rejoindre la réalité mais là, ce serait tellement bien que ça soit vrai que ça ne peut pas l’être. Bref, les paysages défilent. Défilent. Défilent. Au rythme un peu obsédant des roues de la rame sur les rails. C’est monotone.

C’est monotone mais j’aime aussi, parfois. Cette psalmodie convient à mon état d’esprit. Les paysages défilent, défilent, défilent. Il est impossible de compter le nombre de ponts, de poteaux  ou de vaches qu’on croise quand on est dans un train car il y en a trop pour qu’un cerveau normalement constitué puisse en retenir le nombre. Et on a les jeux de lumières avec le soleil et les nuages. Et quand on passe dans des tunnels. Et quand le temps devient gros au point de fondre en larmes. Et  les paysages défilent et le temps passe tout autant. Et un peu de notre vie aussi. L’un n’allant pas sans l’autre. L’un étant tributaire de l’autre et inversement. Et j’aime bien regarder les autres passagers à la dérobée. Voir sans être vu. Pendant que les paysages défilent. Des regards en coin sans crier gare même à l’approche d’une gare ou de n’importe quelle autre. Je me sens bien.

Je me sens bien ici. Je me sens bien, assis. Et je regarde le temps passer. Et les paysages défiler. Et l’heure. J’arriverai à destination dans un peu plus d’une heure, encore. C’est bien, ça me laisse du temps pour lire. C’est aussi pour ça que j’aime les voyages en train, pour avoir la possibilité de lire plusieurs centaines de pages, dans les meilleurs cas. Me laisser dévorer par un bouquin tout comme par ces paysages dont je ne me souviendrai pas, pour la plupart. Et qui ne se souviendront pas de moi, pour eux tous. Je ne suis qu’une ombre sur le tableau géant de la vie des autres. Et les autres ne sont que des figurants dans la mienne. Sauf pour ceux qui me sont proches. Sauf pour ceux que j’aime. Et entre deux chapitres du livre que j’ai dans les mains, une nouvelle pensée pour toi. Et ces autres passagers qui ne savent pas que tu existes. Et tous ces paysages qui défilent. Défilent. Défilent… Un monde sans toi ne serait pas un monde dans lequel j’aimerais vivre. Encore une heure…

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