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17 février 2021

au bas masqué, ohé, ohé

Hier, j’ai réalisé que j’avais raté mardi-gras, hier, cette semaine encore. Cette année encore, j’aurais dû préciser. Car je ne fête jamais mardi-gras. Je n’y pense pas et comme je ne mange pas de beignets, ni de merveilles, ni de bugnes, ni de pets-de-nonne ni de churros (par goût, ça m’écœure rien que de penser à ces produits-là) mais j’ai quand même porté mon masque, comme tous les jours, dès que je sors de chez moi. Et pense que ça va durer encore un certain temps, ça, de porter un masque car je suis un bon petit soldat, un bon élève bien obéissant parce que j’aime bien recevoir des bons points et des images et des compliments, ça me nourrit. À l’école, quand j’étais en primaire, j’avais souvent tous les prix d’excellence et j’aimais bien ça. Parce que c’était moi, tout simplement.

Mais au fond de moi, j’ai peut-être même toujours porté un masque. Bon, quand j’étais vraiment enfant, sans doute que pas vraiment mais dès que j’ai commencé à devenir un peu plus grand, dès que j’ai franchi la porte de l’adolescence, j’ai compris beaucoup de choses dont le fait que la vie n’était pas un long fleuve tranquille et que l’enfer était pavé de bonnes intentions. Je savais que j’allais devoir souvent nager en eaux troubles et je me suis donc complu à passer de l’un à l’autre comme Tarzan, de liane en liane. Et je me suis construit comme j’ai pu en sachant que, très intimement, je ne serai jamais totalement heureux. J’allais connaître de grands bonheurs mais je serais toujours dans un état de manque, que je ne connaîtrais jamais la sérénité. Ni l’équanimité.

Alors oui, j’ai toujours porté un masque. Je suis toujours passé pour le rigolo de service, celui qui tuait père et mère pour faire un bon mot, celui qui se moquait de ses collègues et même de ses chefs qui en redemandaient, souvent. J’ai toujours montré une face un peu lisse alors qu’à l’intérieur, les rugosités étaient si nombreuses qu’elles allaient me ronger toute ma vie et qu’elles me rongent toujours. Qu’elles m’ont toujours empêché de trouver une certaine stabilité, un certain équilibre. Je suis ainsi fait que sous le masque, c’est parfois bien sombre. Alors, je donne le change. Alors, je me dis que tant qu’il faut se montrer, je suis comme au bal masqué, ohé, ohé et personne, je dis bien personne, ne pourra jamais m’aider à sortir de ce puits sans fond. Je vais devoir encore faire avec.

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