je crois qu’il est un peu dérangé

Oui, moi, mon opinion sur Stéphane, c’est qu’il est un peu barge. Oui, moi aussi, je crois qu’il est dérangé. À mon avis et je pense que vous pensez comme moi, ça lui monte au cerveau, toutes ces bêtises qu’il écrit et je crois même pouvoir le dire sans trahir de secret, il est suivi par un psy et… Un psychologue ? Non, un psy… Un psychanalyste ? Non, un psychiatre, laissez-moi finir ma phrase, ne faites pas comme lui, c’est agaçant. Oui, il est suivi par un psy, un psychiatre. Moi, je sais même qu’il n’arrive toujours pas à le semer, le psy, il est toujours là et il ne pourra pas lui échapper longtemps. Mais vous croyez vraiment que l’écriture, ça peut rendre fou ? Rendre fou, oui, l’écriture, ça peut. Moi, je n’ai jamais entendu dire que l’écriture ça pouvait rendre cinglé, l’alcool, oui, mais l’écriture…

Regardez Rimbaudelaire ? Rimbaud et Baudelaire, vous voulez dire, non ? Non, Rimbaudelaire ! Qui c’est Rimbaudelaire ? C’est un mec qui se prend pour Baudelaire quand il couche avec des femmes et qui se prend pour Rimbaud quand il couche avec des mecs, eh bien, il écrit des poèmes un peu barrés et… Ah oui, j’ai entendu parler de lui mais ce n’est pas comme pour Stéphane, Rimbaudelaire, il était déjà dingue avant d’écrire alors que je crois vraiment que Stéphane, c’est à force d’écrire qu’il est devenu fou, qu’il démultiplie des personnalités douteuses qu’il aurait mieux fait de garder pour lui. Mais pourquoi vous dire que ça l’a rendu fou, au fait ? Parce qu’il mélange la fiction et la réalité, c’en est affligeant. Il invente des personnages et ensuite, il pense qu’ils existent vraiment et tout et tout.

Tiens, regardez son pseudo cousin, Jean-Michel, le prof de sports rectangulaire (le prof, rectangulaire, pas les sports), il nous a fait croire qu’il existait, celui-ci et lui-même le croit très, très fort. Mais si, mais si, j’existe, moi, foi de Jean-Michel ! Tais-toi, Jean-Michel, on ne t’a pas sonné, c’est déjà assez difficile de faire le point sur Stéphane, on n’a pas besoin que tu t’en mêles. OK, appelez-moi si vous avez besoin, je suis chaud, je suis prêt. Et Chouchou, son espèce de double qui lui servait d’homme à tout faire… Oui, tiens, parlons-en, il a disparu de la circulation, celui-ci ! Et tous ces poème d’amour, ces textes en prose qu’il nous assène, tu parles, il fantasme, il s’excite tout seul dans son coin. Moi, je pense que d’aimer dans le vide, ça doit le faire jouir. Oui, il est barré, je vous le dis.