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11 novembre 2023

moi je (6)

Moi, je suis conducteur de taxi et je peux vous dire que je suis absolument contre le fait qu’on ait autorisé des véhicules avec chauffeur, ces fameux Uber et autres consorts. Je ne comprends pas que personne n’ait pensé qu’en libéralisant notre métier, notre beau métier de taxi, c’était la porte ouverte à tous les abus et la fin programmée de notre profession qui est pourtant vieille comme le monde depuis que les voitures ont été inventées. C’est vraiment nous manquer de respect. J’estime que nous avons le droit d’avoir le seul monopole du transport des particuliers, que ce soit pour des petites courses (personnellement, je n’en fais plus, ça me coûte plus cher que ça ne me rapporte) ou des grandes (ce sont mes préférées à condition qu’elles ne soient pas trop longues non plus car rouler pendant plus de deux heures d’affilée, c’est usant…)

Je suis contre les véhicules avec chauffeur car on dit qu’ils sont plus aimables que nous mais il faut reconnaître que parfois, nous, les taxis, on a eu la crème des cons, dans nos clients. Et quand on passe son temps dans les embouteillages, il ne faut pas s’étonner qu’on soit un peu sur les nerfs. Après, oui, il paraît que je suis bougon mais qui ne l’est pas quand on voit la conjoncture actuelle, hein ? Alors, que celui qui n’a jamais râlé me jette la première bière et on en reparlera. Cela dit, la libéralisation de certains métiers n’a rien de malsain mais moi, je dis que ça n’est pas viable pour nous, les taxis. Par exemple, le fait d’avoir autorisé les Airbnb, moi, je trouve que c’est une très bonne idée car franchement, les hôtels, c’était vraiment trop cher et l’accueil laissait souvent à désirer alors que les Airbnb…

Non, ce n’est pas la même chose. C’est comme quand on me dit que le téléchargement de musique ou de films sur Internet, c’est la mort des vendeurs de disques ou des cinémas. Tu parles, Karl, on ne va pas acheter tout un CD alors qu’il n’y a qu’une seule chanson qui nous intéresse. Qui écoute des CD en entier, maintenant ? Et pour les cinémas, je ne vois pas pourquoi j’irais m’enfermer dans une salle avec plein de gens qui vont m’énerver alors que je peux regarder les mêmes films sur ma télé, avec le code Netflix de mon beau-frère. C’est comme pour les restaurants, je ne vois pas pourquoi j’irai payer pour des repas même pas faits maison, la plupart du temps alors que je peux me faire livrer chez moi et là, je m’en fous, un coup de téléphone et je n’ai même plus à sortir. Mais pour en revenir à mon métier, non.

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