incipits (5)

C’est un trou de verdure où chante une rivière accrochant follement aux herbes des haillons d’argent ; où le soleil, de la montagne fière, luit : c’est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue, pâle dans son lit vert où la lumière pleut. C’est étrange comme ce poème de Rimbaud (Le dormeur du val) sonne heureux alors qu’il est plus que mélancolique, il est terriblement triste et sombre au contraire de ce qui est décrit. Est-ce ainsi que les hommes meurent ? C’est sans doute ainsi que j’aimerais moi-même mourir, allongé dans un vallon, en pleine nature mais je ne souhaite pas avoir deux trous rouges ni à mon côté droit, ni à mon côté gauche. Juste ne plus respirer.

Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or, la terre était chaotique et vide. Les ténèbres couvraient l’abîme, et l’Esprit de Dieu planait au-dessus des eaux. Et Dieu dit alors : Que la lumière soit ! Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et il sépara la lumière des ténèbres. Il appela la lumière : « jour » et les ténèbres : « nuit ». Il y eut un soir, il y eut un matin. Ce fut le premier jour. Et Dieu, s’il existe, a-t-il pensé à envoyer la note d’électricité ? Parce que, je ne sais pas si vous êtes au courant mais là, au prix où ça coûte, il aurait pu s’en mettre plein les poches. Sauf qu’à ce moment-là, Dieu, s’il existe n’avait pas encore inventé l’argent ni les poches des vêtements. On peut être au-dessus de tout le monde, de tout l’univers mais ne pas penser à tout. Quelque part, c’est ballot.

Quand tes cheveux s'étalent comme un soleil d'été et que ton oreiller ressemble aux champs de blé. Quand l'ombre et la lumière dessinent sur ton corps des montagnes, des forêts et des îles aux trésors. Que je t'aime, que je t'aime, que je t'aime ! Que je t'aime, oh que je t'aime ! Oui, je sais, j’ai pensé à ne pas noter l’histoire de ton corps comme un cheval mort mais de toute façon, ça n’est pas dans l’incipit de cette chanson. Ça me fait un peu suer de citer Johnny Hallyday mais bon, qui ne connaît pas cet hymne à l’amour un peu torride ? Tiens, il y a longtemps que je n’ai pas moi-même vécu un hymne à l’amour un peu torride. Il faut que je trouve quelqu’un qui a des cheveux couleur d’un soleil d’été. J’accepte aussi la couleur de la nuit. En réalité, je m’en fous de la couleur des cheveux. Quoique… Quoique…