tout est fin prêt

Ça y est, le document préparé le président, avec mon aide et mon accord est fin prêt. On a listé toutes les démarches à effectuer, enfin non, les démarches qu’auront à effectuer ceux qui seront en charge de s’occuper de tout parce que moi, j’aurai pris la tangente. J’aurai filé à l’anglaise. Et je serai parti sans demander mon reste. Ni mes restes. Mais qu’est-ce que c’est que toute cette poussière, là, par terre ? C’est moi, mais je ne veux pas leur dire. Après tout, ils n’avaient qu’à faire un peu plus attention à moi. Bon, je disais donc que la liste des gens que je souhaite voir prévenus de mon décès est terminée. Il me restera à la faire vivre, à la mettre à jour en fonction des nouvelles amitiés, des disparitions de proches et/ou de fâcheries à mort. C’est le cas de le dire, ça tombe bien. Justement.

Mais à la différence du président, moi, ma liste est plus longue (il y a peut-être plus de gens qui m’aiment que de gens qui l’aiment ?) mais elle est n’est qu’en une partie alors que la sienne, elle est scindée en deux. Pourquoi ? Parce que lui, il pense qu’il y a des gens qu’il s’est permis d’autoriser à assister à ses funérailles et d’autres, qu’il n’a pas hésité à dispenser de venir. Comme s’il avait des amis plus importants que d’autres. Je lui en ai fait la remarque et lui ai dit que ce n’était pas très gentil de sa part. Il m’a dit que je n’avais rien compris : dispensés de crémation, c’est parce qu’ils sont trop loin ou trop vieux. Ou trop lointains, désormais. Et peut-être qu’ils ne sont pas vaccinés, non plus. Ah oui, c’est vrai, si ça se trouve, ils le seront quand il mourra, le président. Alors, on verra.

Non, pour moi, je n’ai fait qu’une liste en me disant que de toute façon, parmi les gens sélectionnés pour la finale, il y en a qui, en toute logique, devraient être partis avant moi. Et en pensant que de toute manière, qui va venir à ma crémation si je meurs dans dix ou vingt ans ? Si ça se trouve, il n’y aura personne. Ou alors, tout le monde aura une bonne raison de ne pas venir. Ou encore, les morts, les enterrements, les brûlages, peut-être que ça n’existera plus vraiment comme aujourd’hui… Allez donc savoir, tiens. Donc, pour conclure, pour les démarches officielles, les organismes à informer et la liste des gens à prévenir, tout est noté, listé, archivé. Il ne reste plus qu’une chose : à fixer une date. Voyons voir, il va jusqu’à quand, ce calendrier ? Jusqu’à fin 2021 ? Je peux en avoir un qui va plus loin ?