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7 janvier 2021

un silence

La parole est d’argent mais le silence est d’or, disait-on dans les bonnes chaumières. Et je crois même qu’on continue à le dire mais ça se perd, c’est dommage. Et c’est moi qui dis ça, que c’est dommage, moi, le bavard invétéré, le clavardeur compulsif, l’addict aux mots et celui qui a toujours été plus à l’aise à l’écrit que dans le mutisme même si mon côté sauvage me fait souvent plus observer que parler. Mais écrire ne revient-il pas au même que parler ? Parce que parfois, je sais que je ferais mieux de me taire mais je n’y peux pas grand-chose vu qu’une fois que je suis lancé, rien ou presque ne peut m’arrêter. Et donc, plus que quiconque autre, mes silences sont en or car très, très rares et mes écrits, s’ils sont argent, c’est qu’ils sont des billets quotidiens. Et pendant ce temps-là, chut !... Ne réveillons pas les chats qui dorment, pendant ce temps, les souris peuvent aller au bal et danser.

D’autres disent que le bavardage est comme une écume sur l’eau mais moi je préfère penser à ces silences soupirés par les vagues de l’océan. N’y avez-vous jamais prêté attention ? J’ai remarqué ce phénomène aux Sables d’Olonne où j’ai eu mes habitudes pendant plusieurs septembres consécutifs, quand les vagues se font entendre régulièrement en roulant les R, il y a toujours un moment où la marée finit par se taire pendant un peu moins d’une seconde avant de recommencer de plus belle, qu’elle soit montante ou descendante. Parce que l’océan le sait bien, lui aussi, que le silence est d’or. Alors que sa parole est comme l’écume sur l’eau. Une vague écume montée en neige par de vagues vagues. Et ce n’est pas le seul moment où j’ai pu entendre de tels silences comme en suspension. Ce n’est ni le seul moment, ni le seul endroit où j’ai pu goûter à des silences surprenants, étourdissants.

Oui aussi, pour ceux qui ont pu connaître ça avant que ça soit devenu tant à la mode que maintenant, ça ne peut plus être ressenti, c’est pendant le mascaret. Vous savez, quand les mêmes marées, aux équinoxes, quand la mer monte tellement qu’elle reflue dans certains fleuves et ce, sur des dizaines et dizaines de kilomètres, comme la Gironde avant de retrouver la Dordogne. Et là, il y a vingt ans, j’ai eu la chance d’assister au spectacle et je vous assure que c’est vrai. Moins d’une minute avant l’arrivée de la vague, les oiseaux se sont tus, les chiens aussi, les branches des arbres ont juste un peu frémi sous une brise annonciatrice de l’événement prévu et nous aussi, humains dénaturés, nous avions compris qu’il fallait nous taire et ça a duré deux ou trois secondes, peut-être cinq, dans un silence presque absolu. Et pour toi aussi, je vais me mettre à me taire plus souvent.

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