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30 mai 2019

journal rétrospectif d’aller (1/2)

Lundi 27 mai, 8h48. Normalement, nous partons dans 7 minutes. C’est étrange, pour l’instant, je suis tout seul dans le wagon. Je n’ai pourtant réservé qu’une seule place… Ah non ! Un plus vieux que moi arrive et s’installe, juste derrière moi, dans mon dos, comme hasard ! Avec toute la place qui reste, il aurait pu aller s’asseoir ailleurs. Voir dans un autre wagon. En plus, il respire fort. Il a une tête à ronfler. Pourvu qu’il ne dorme pas pendant tout ou partie du trajet…

8h52. Départ dans trois minutes. Nous sommes quatre, désormais.

8h53. Mesdames et messieurs, notre départ est imminent, attention à la fermeture automatique des portes.

8h55. Bon, c’est l’heure, on y va ? Ah, ça y est. On se met en branle. Zut, j’ai oublié de prendre des chewing-gums pour les tunnels de l’Essonne.

9h20. Il fait gris triste, presque sinistre. Parfois, il fait gris plus lumineux. Pas aujourd’hui et c’est sans doute aggravé par le fait que les fenêtres du train sont (un peu) sales. La France morose. C’est ce qui défile sous mes yeux un lendemain de victoire du Rassemblement National.

9h34. Angoulême. Le monde des voyageurs commence à affluer. Fin de tranquillité ? Des inconnus qui parlent ? Beaucoup cherchent leur place. Certains empestent le parfum ou l’eau de toilette, une odeur synthétique, trop forte. Je n’aime pas ça. Déjà que j’ai un peu mal au crâne… En tout cas, j’ai bien fait d’aller faire un petit pipi avant l’arrivée de tout ce monde. D’autant qu’il pleut à Angoulême et que ça m’aurait donné envie. Il pleut. Oh, pas beaucoup, genre trois gouttes mais j’ai aperçu quand même un parapluie.

10h10. Bientôt Poitiers, je suppose. Tout à l’heure, on nous a annoncé qu’un sac à dos noir avait été oublié en voiture 16, si je ne me trompe pas. À quatre de la mienne. Depuis, plus de message, je pense donc que son propriétaire a dû le récupérer. On ne peut s’empêcher, je ne peux m’empêcher de pense à un sac piégé. Tout comme je ne peux m’empêcher de penser à un déraillement. Et si ?... Je n’ai pas vraiment dit au revoir comme il faut à ceux que j’aime. Mieux vaut ne pas penser à ça.

10h13. Cette fois, c’est sûr, c’est Poitiers. Le chef de train vient de nous le dire au micro. Je suis allé faire un deuxième petit pipi de principe juste au même moment. J’en profite pour me dégourdir les jambes, les toilettes sont alors un but. J’ai été surpris car il n’aura fallu qu’une heure et demie pour que cette cabine de WC-ci soit dégueulasse : un sol détrempé que de nombreuses feuilles de papier rose jonchent. On est en droit de se demander si les gens ne le font pas exprès.

10h16. Encore d’autre monde qui est monté à Poitiers. Encore d’autres gens. Encore d’autres bruits, encore d’autres odeurs. Quelques jeunes, cette fois. Poitiers, ville universitaire, dernier arrêt avant Paris-Montparnasse !

10h37. Annie, qui aime peut-être les sucettes à l’anis, même sans en avoir la tête, vient de contrôler mon titre de transport. Tout est parfait, m’a-t-elle dit. Je le savais déjà, moi. Le wagon est presque plein, cette fois. Il fait toujours aussi gris, dehors et j’ai toujours mal au crâne.

10h42. Troisième petit pipi, toujours pour me dégourdir les jambes et surtout, toujours par principe de précaution. Mais cette fois, je suis retourné à la cabine de WC de la voiture 11 (je suis dans la 12), celle-ci est restée propre. Si ce n’est une débauche de papier toilette sorti du dérouleur. Les gens doivent aimer jouer avec le papier Q propre. Ou alors, c’est cette couleur vieux rose qui les rend fous.

10h46. Un rayon de soleil. Inattendu. Presque incongru. Et pourtant, toujours ces gros paquets de nuages gris épais et quelques-uns noirs. On aimerait qu’il pleuve un bon coup pour nettoyer toute cette crasse apparente. Le temps d’écrire ces trois lignes, l’invasion : la réapparition massive des nuages noirs. Lourds. Mon truc enclume.

10h54. Alternance de soleil. Y en aurait-il plusieurs ? Ça me semble difficile de croire qu’il puisse y en avoir autant que de nuages. Et pourtant… Dans le wagon, aucun regard accrocheur. Ni accroché. Aucun individu qui le mérite. Sauf peut-être, là, à ma gauche, dans le compartiment de quatre places, côté fenêtre, dans le sens opposé de la marche… Non, rien d’intéressant, d’ambigu à se mettre sous les yeux. Je retourne à ma lecture. 

À suivre.                            

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