lundi matin, l'empereur

Lundi matin, l’empereur, peut-être sa femme mais pas le petit prince. Pourquoi peut-être sa femme ? Parce que je ne sais même pas s’il est marié, l’empereur. Parce que ça ne me regarde pas, parce que ça ne nous regarde pas. Quant au petit prince, pourquoi « mais pas » ? Parce que je sais qu’il ne sera pas là. Ça fait un moment qu’il n’est pas là, le petit prince. Dans la vie, on fait ce qu’on peut, pas forcément ce qu’on veut. Mais s’il avait décidé de venir, lui aussi ? Je l’accueillerais les bras grands ouverts (j’avoue avoir hésité sur l’accord de l’adjectif grand – si seulement il avait été épicène !) et le cœur itou (le keuritou ?) mais il semble que dans la vraie vie, les choses ne soient pas aussi simples. Oh, je le sais bien que ça vient aussi de moi. Je ne récolte que ce que j’ai semé. Encore faudrait-il que j’aie planté quelque chose…

Là, je repense à hier soir, dimanche, alors que la pizza attendait de passer au four, un des moments qu’elle préfère, j’étais en train de terminer de siroter un dernier verre de Vouvray, une bouteille ouverte hier midi à l’occasion d’un impromptu avec un couple d’amis. Un repas pour ainsi dire improvisé. Ce fut agréable et très instructif. Lui, c’est un ancien inspecteur ou commissaire de police et son jugement sur les émeutes et tout le système qui semble ne pas tenir debout est très intéressant. Ça m’a rassuré de me dire qu’un ancien policier pensait un peu comme moi. Non pas que je n’aime pas la contradiction mais enfin, il faut savoir raison garder. Si on continue, ça sera bientôt impossible de sortir dans la rue après 19h ou alors, on aura une bonne vieille guerre civile de derrière les fagots. Pas très motivant, tout ça.

C’est pour ça qu’aujourd’hui, lundi matin, l’empereur, pas sa femme et probablement pas le petit prince ne vont pas venir avec nous à Biscarrosse. Non, cette fois, nous n’y partons que tous les cinq, le patron, le président, Kali et Shuka et moi. Nous allons nous réfugier dans un coin calme, isolé du reste du monde et nous rentrerons jeudi matin si tout va bien. Si Bordeaux n’a pas été bombardé par des émeutiers qui se servent de la mort d’un jeune à Nanterre pour tout casser. Quel prétexte ! Ils se croient dans GTA ? Mais non, les filles et les gars, on est dans la vraie vie et vous nous cassez les couilles, en plus du reste. Et vous ne mériteriez qu’une chose : vous faire exiler en Corée du Nord, tiens. Un stage intensif pour apprendre certaines bases. Moi, pendant ce temps-là, je me dis que peut-être un jour, le petit prince, peut-être…