il est temps

L’autre jour, j’ai dit qu’il était temps. Aujourd’hui, j’ai plutôt envie de dire qu’il est temps. Ça y est, le moment du temps est venu. Il est temps de se lever et de se mettre à marcher pour montrer qu’on n’est pas à terre. En effet, même si on est tombé, il a bien fallu se relever. Notre place n’est pas autre que celle d’un être capable d’avancer. Il est temps de regarder le vent souffler et faire tomber les feuilles sans discrétion. Et de les voir mortes pour qu’elles se fassent ramasser à la pelle. Il est temps de prendre une grande respiration et de compter les secondes jusqu’à l’expiration suivante. Pour savoir si on en est capable. Il est temps de s’aimer même sans se préoccuper du physique, du sexe et de toutes ces contingences-là. Juste de s’aimer. Sans arrière-pensée. Il est temps de se dire que demain sera vraiment un autre jour et que la vie mérite qu’on s’intéresse à elle malgré tout.

Il est temps de se regarder les yeux dans les yeux et laisser nos pupilles nous dire ce que nous ne nous sommes pas dit depuis si longtemps. Ne plus se taire. Ne plus se voiler la face. Juste se regarder. Il est temps de prendre des forces avant les frimas et de se préparer à une hibernation mentale. Se vautrer sous la couette, le soir et cocouner avant que le jour ne se couche et que la nuit tombe, jour après jour, nuit après nuit. Il est temps de faire attention aux autres et de prendre soin de soi. Ou l’inverse. Mais ne pas en oublier un au passage. Il est temps de continuer de lire, dès que possible, dans le tram, en attendant l’ouverture du magasin, au lit, sur le canapé, dans un bon fauteuil. Lire, lire, lire. Il est temps de ne plus se prendre la tête en se demandant si… Ou si… Mais encore et pourtant… Et tu crois que… Et si j’avais su… Non, juste prendre la vie comme elle vient.

Il est temps de trinquer avec soi-même pour montrer qu’une réconciliation est toujours possible. À ta santé, moi-même et à ma santé, toi-même. Je n’étais pas fâché, en réalité mais ça aurait pu arriver. Se retrouver avant qu’on ne se perde. Il est temps de se dire je t’aime. De se le chuchoter au creux d’une oreille ou de se le faire comprendre en articulant dans le vide. Ou de le crier en haut d’une falaise face à la mer et aux vagues déferlantes. Faire plus de bruit qu’elles. Et que ça s’entende jusqu’aux nuages. Il est temps de prendre conscience que la vie est courte et que plus on prend de l’âge, plus elle avance vite et il ne faut pas rester sur le bas-côté même si on aime prendre les chemins de traverse. Il est temps d’être temps. Il est temps qui passe. Il est temps d’être le bon moment. Il est temps d’être beau et il est temps d’être temps. Et il est temps d’avoir le temps.