Jacques a dit

Je suis un oiseau qui est tombé de haut, je traîne ma peine ; une larme qui coule, j'ai dans la gorge une boule comme une pierre qui roule. Perdue l'innocence des jours passés dans la cour de l'école ; du bonheur, j'en ai pas, y en a que pour Pierre et Paul… Il y a des chansons qui vous marquent quand vous les entendez et, en ce qui me concerne, qui me rendent jaloux de ne pas les avoir écrites moi-même. Il y en a quelques-unes, comme ça : Dis, quand reviendras-tu ? (Barbara), Y a un climat (Jean Guidoni – mais également Isabelle Aubret) pour n’en citer que deux parce que sinon, la liste sera trop longue et assez indigeste. Et dans ce genre de cas, j’ai toujours des regrets quand j’oublie des titres qui m’ont bouleversé. Celle-ci, Jacques a dit, elle n’est pas très ancienne, elle date de 2007, elle a donc 15 ans mais pas une ride.

Jacques a dit cours, Jacques a dit vole mais pas le jour où je décolle ; Jacques a dit cours, Jacques a dit aime, j'ai beau t'aimer, tu pars quand même ; Jacques a dit marche, Jacques a dit rêve, me fait tant marcher que j'en crève ; Jacques a dit certes, je lui pardonne, Jacques est un rêve, pas un homme… Quand ça vous touche en plein cœur, c’est une sensation assez extraordinaire et, probablement comme de nombreuses personnes qui ont aimé cette chanson, j’ai cru qu’elle ne s’adressait qu’à moi. Je me la suis totalement accaparée. C’est Christophe Willem qui l’a créée. Et quand il la chante, ça me fout les poils que je n’ai pas (ou qu’on ne voit pas – les poils, parfois, ça peut être comme la vraie beauté, ça peut être intérieur) et ça me transporte et ça me rappelle ma vie passée, présente ou à venir. L’émotion pure.

Reste une mélancolie cachée sous mon manteau de pluie qui traîne encore, je ne sens plus le vent dans mes voiles, dis-moi à quoi me sert mon étoile si je perds le Nord ? Mes îles, je les ai méritées ; mes ailes, je les ai pas volées ; j'ai tout fait comme tu m'as dit mais le rêve s'évanouit… Et c’est la même chose quand je lis certains poèmes. La puissance des mots, le charme des rimes et les choses qui ne sont pas dites mais juste évoquées, libre à chacun de les interpréter comme il l’entend. Libre à moi de me dire que c’est forcément quelqu’un qui me connaît bien qui a écrit ça car c’est vraiment de moi dont il s’agit. Comment être capable moi-même d’écrire quelque chose d’aussi juste ? Bon, c’est Zazie qui a eu ce talent. Et c’est Willem qui a porté cette chanson à bout de sensations. Je voulais juste lui dire merci.

https://www.youtube.com/watch?v=zlsk8bY9ypg&ab_channel=ChristopheWillemVEVO