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20 septembre 2013

dans la ville endormie

Pendant que la ville dort d’un sommeil sans doute bien mérité, moi, victime d’une profonde injustice, je suis là, le front collé à la fenêtre de la salle à manger et je ne regarde rien parce qu’il n’y a vraiment pas grand-chose à voir. Pas grand monde non plus. Si ce ne sont que quelques rares badauds dont la moitié, environ, est un peu titubante. Probablement autant la fatigue qu’un verre de trop. Surtout chez tous ces jeunes en dérive d’on dirait un peu de tout.

Il n’y a pas grand-chose à voir, non, vraiment. Si ce ne sont ces vaillants nettoyeurs de la ville, ces techniciens de surface en nocturne, qui sont là, à laver les voies du tramway et les quais de ses stations à grand renfort d’eau et de bruit. Une réminiscence de ce bruit et de cette fureur… comme pour montrer qu’ils sont là, eux aussi, victimes de cette grande arnaque du sommeil. Et comme ça ne durera pas, bien faire entendre qu’ils ont nettoyé. Tout purifié. Lavé les rues de tout soupçon.

Il n’y a pas grande activité si ce n’est dans ma tête où là, comme bien souvent, ça se bouscule au portillon comme si tous ceux qui sont absents de la vie en ville la nuit s’étaient donné rendez-vous en moi pour me rappeler que je suis bel et bien vivant alors que je sais très bien, qu’au fond, tout n’est qu’illusion. Vues de l’esprit et puis rien d’autre. Je ne voudrais pas leur faire de peine, à tous ces autres, mais j’aurais préféré qu’ils me laissent tranquilles, ces vieux démons et ces vampires d’énergie, je n’avais pas besoin d’eux. Je suis capable de me faire du mal tout seul.

Dans la ville endormie, parfois, avec un peu de chance, on voit des étoiles et on entend l’océan. Et ses vagues rumeurs. Mais je ne suis plus en vacances, enfin si, encore une journée mais là, il n’est plus question de ciel bleu, de mer verte ni d’écume blanche. L’écume, je l’ai au bord des lèvres parce que j’ai un goût de cendres dans la bouche. Celles d’un feu estival mal éteint. Il me faudrait un peu d’eau pour me rincer le gosier, oublier tout ça et revenir à une réalité plus acceptable. Dommage, ils sont partis les aspergeurs noctambules. Maintenant, il faut que je me débrouille tout seul.

Alors, dans cette ville trop bien endormie, je suis là, en proie à tous mes doutes et je refuse de chercher le sommeil obstinément, comme une obsession et je ne vais pas me laisser faire. L’air de rien, quand il ne s’en rendra pas compte parce qu’il aura le dos tourné, j’irai me recoucher à son insu et je fermerai les yeux et dormira bien qui dormira le dernier. 

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