promenade

« Mon amour, je vais promener la nappe, je reviendrai dans une quinzaine de minutes. » « Oui, mon cœur, tu veux que je vienne avec toi ? » « Non, non, ça ira, tu peux rester ici, en plus, tu risques de ne pas aimer, il fait un peu frais. » « OK, je t’attends, alors, mon cœur. » J’aime bien promener ma nappe et elle aussi, je crois. Elle aime bien qu’on sorte tous les deux. « Bonjour madame, chère voisine, vous avez perdu quelque chose ? » « Bonjour voisin ! Je ne sais pas. Tout à l’heure, j’ai laissé la porte ouverte et je crains que mon fait-tout ne se soit encore échappé. » « C’est vrai, moi, je n’ai pas ce genre de problèmes, avec ma nappe, elle ne sort jamais toute seule. » « Vous avez de la chance. » « Et moi, je vous en souhaite, madame la voisine. » Franchement, je n’ai pas à me plaindre, elle est toujours sage, ma nappe.

Oh, en revanche, je vais faire attention car là, il y a un aspirateur qui me semble sauvage qui gambade tout seul. En plus, il n’a pas de médaille, si ça se trouve, c’est un aspirateur errant. On ne sait jamais. Je sais que s’il se met à venir aspirer ma nappe, elle va être terrorisée et moi, je ne sais pas si je vais pouvoir l’aider. Heureusement, je la tiens bien contre moi et, encore heureusement, l’aspirateur a continué son chemin. Il a peut-être vu des choses plus intéressantes à sucer, plus loin. « Bonjour camarade, toi aussi, tu profites qu’il ne pleut pas encore pour promener ton traversin ? » « Salut, regarde, ils ont l’air content de se voir, tous les deux ! » « Oui, ça, c’est parce qu’ils se connaissent mais ne se voient pas souvent. Tu vas bien ? » « Oui, et toi ? » « Bien merci, à bientôt. » « Ouais, salut ! »

Il faut que je fasse attention, il y a un seau à champagne qui est à l’arrêt, là, il a dû voir un nid de glaçons. Laissons-les tranquilles. Bon, je vais peut-être rentrer, ça se couvre de plus en plus. Je ne voudrais pas qu’il pleuve car ma nappe n’aime pas du tout être mouillée. Et elle déteste que je lui fasse un brushing avec le fer à repasser, après. Allez, on entre. « Mon amour, je suis revenu. » J’aime bien quand ma nappe va directement dans le placard où elle aime se reposer. « C’était bien ? » « Oh, tu sais qui je viens de voir, là, juste devant le portail ? Le jeune couple qui habite derrière, il promenait leur ventilateur et ils discutaient avec les gens de l’entreprise d’à-côté qui promenaient deux fauteuils de bureau. Si tu savais le nombre de gens du quartier qu’on a croisés, avec la nappe ! » « C’est normal, c’est un peu l’heure, non ? »