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8 avril 2023

supporter son reflet

J’ai beau être loin de m’accepter, de m’aimer à ma juste valeur, je peux te dire que je préfère me regarder, moi, dans une glace que te voir toi tant je me dis que tu n’as pas d’amour propre ni d’empathie. Je sais, je suis un peu dur mais que veux-tu, je viens de me rendre compte combien j’étais aveuglé par toi, combien j’avais perdu ma lucidité. Et le pire, ça a été quand je nous ai vus, tous les deux, je ne m’étais jamais imaginé que nous ressemblions à ça. Et là, tout d’un coup, j’ai réalisé que j’étais dans la vraie vie et non plus dans un rêve. Je dois dire que ça m’a foutu comme une grande claque dans la gueule. Moi, j’étais persuadé que je rêvais mais quand je me suis pincé, j’ai réalisé qu’en fait, je vivais réellement. Si encore j’avais été mort, dans une espèce d’au-delà mais non, j’étais bel et bien sur terre.

Alors, oui, puisque je suis bien sur terre, je peux te le dire en face, les yeux dans les yeux, je préfère me regarder dans une glace et que te voir toi et pourtant, ce n’est pas facile de supporter son reflet. À la limite, dans l’eau, passe encore mais après, je sais très bien qu’on va me traiter de Narcisse alors que non, pas du tout et même loin de moi ce genre d’idée. Ça ne me ressemble pas. Ce n’est pas mon reflet, ce n’est pas moi d’être autolâtre. Le soleil ne se lève ni ne se couche dans mon nombril et même si je peux donner l’impression du contraire, je suis quelqu’un qui doute beaucoup trop. Alors, si dans la vraie vie, je ne peux pas voir autre chose qu’un reflet qui ne me convient pas, quand je me regarde dans tes yeux, je te confirme que je préfère encore me voir moi-même dans la glace. Ou alors, dans un miroir déformant ?

Non, on va faire simple, quand je me regarde, souvent à la dérobée, dans ma salle d’eau (à la dérobée car je ne veux pas me faire croire que je m’intéresse plus que ça), au moins, avec moi, je peux faire de l’autocritique sans prendre le risque de me fâcher. Et ne vous fiez pas aux apparences, comme moi avec toi, ce n’est pas parce que je parle beaucoup de moi que je me auto-passionne, c’est juste que je parle de ce que je pense connaître le mieux. Quant à toi, finalement, comme nous n’étions pas dans un rêve mais dans la vraie vie, je pensais te connaître mais tu restes une énigme pour moi. Alors, je pense que je vais retourner à mes yeux clos et imaginer un monde meilleur dans lequel, cette fois, tu seras à la hauteur de mes fantasmes les plus fous. J’espère que tu es d’accord avec ça parce que moi, je le suis totalement.

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