pauvres petits frères

Pendant longtemps, des années, en tout cas, j’ai régulièrement donné de l’argent à une bonne demi-douzaine d’associations ou de fondations reconnues d’utilité publique. Alors que je vivais passablement à découvert, en ces temps-là mais que voulez-vous, il y a tant de causes qui me touchaient, alors ; qui me touchent encore mais j’ai arrêté de donner. D’abord parce qu’il a fallu que je me renfloue et ensuite parce que comme le président donnait de son côté, on a décidé ensemble que je faisais une pause et les choses en amenant d’autres, aujourd’hui, la situation n’a pas vraiment changé, c’est toujours le président qui donne et ça suffit parce que franchement, comme j’ai « mal » terminé ma carrière, financièrement parlant… Bref, je ne sais pas pourquoi je me justifie mais encore une fois, je le fais.

De toute façon, c’est nettement plus facile pour le président de payer à ma place pour ces choses-là car la parité n’existe pas entre nous et pourtant, je ne suis pas une femme, à ce que je sache. Mais bon, passons… Et, comme par miracle, à force de ne plus donner et après deux déménagements, j’ai enfin cessé d’être relancé voire harcelé par des demandes quasi-mensuelles pour donner encore et encore et toujours plus. Car ça m’agaçait de recevoir des stylos, des étiquettes à mon nom et mon adresse, des cartes de vœux pour Noël ou le Nouvel An et que sais-je encore ? Depuis, je suis tranquille et je fais très attention à bien préciser que je ne veux jamais recevoir de courriers indésirables dans ma boîte-aux-lettres réelle, celle de l’immeuble dans lequel je vis. Et ma foi, je me sens assez serein vis-à-vis de tout ça.

Je continue de faire des choses différemment, à mon niveau. Je pense à cette dame que je croise parfois quand je promène les chiens, le dimanche. Un petit billet, ça lui fait toujours plaisir. Pour moi, ça a du sens, d’agir dans la proximité. Surtout quand la manche n’est pas agressive. Mais si j’écris sur ce sujet, ce matin, c’est parce que le président (encore lui ?) a reçu une relance des Petits Frères des Pauvres, ces jours derniers et ça m’a un peu amusé. Ça fait désuet, d’un côté et je trouve ça presque ironique, de l’autre. Chacun ses œuvres sociales. Lui, il a déjà donné aux Petits Frères des Pauvres mais moi, je me demande si je ne pourrais pas donner un peu aux Grands Frères des Riches. Il y a peut-être des riches nécessiteux, allez savoir… Quoiqu’il en soit, je trouve que chaque don se doit d’être humble. Inutile de s’étaler sur ça.