confidences aquatiques (3)

Vous savez, les poissons, depuis deux semaines, avec Axel, mon coach de bassin, oui, parce que moi, j’ai un coach de bassin. C’est vrai, pour moi, nager n’est pas inné, j’ai été obligé de prendre un prof particulier pour apprendre le crawl et me perfectionner en dos crawlé mais aussi pour faire les virages en bout de ligne alors que pour vous, tout vient naturellement dès que vous sortez de l’œuf. Je disais donc que depuis deux semaines, avec Axel, on apprend les virages. Il me fait faire plein de culbutes et je peux vous dire que comme pour les nages, ce n’est pas aussi facile que ce qu’on aurait pu croire. Et moi, en plus, je les fais souvent en biais, les pirouettes. Heureusement, je les fais en milieu de ligne le temps de les maîtriser avant de les faire contre le mur, comme si je faisais une compétition.

Oui, Axel, il m’a dit que bientôt, je pourrai faire plusieurs, voire plein de longueurs en crawl et faire les virages pour ne pas m’arrêter tous les 25 mètres. Ah, pardon, 25 mètres, pour vous, c’est abstrait mais vous savez, pour vous, il vaut mieux que vous n’ayez pas un trop grand bassin, vous y perdriez votre latin (piscis et patera  pour les romains mais comme ils étaient un peu fous…) En tout cas, je peux vous dire que bientôt, je nagerai comme un poisson dans l’eau. C’est idiot de préciser « dans l’eau » car un poisson, ça ne peut pas nager dans l’air, sinon, ça devient un oiseau voire un avion. Vous savez ce que c’est un avion ? Les moineaux, oui, vous en voyez souvent, qui viennent se baigner entre les deux bassins mais les avions… Enfin, peu importe, ce que je voulais dire c’est que c’est dur, les culbutes.

La semaine prochaine, je n’aurai pas cours et donc, je culbuterai tout seul parce que le coach sera absent mais je m’en fous, je n’ai pas besoin de lui pour reprendre mon rythme d’avant les cours. Et vous, vous aimeriez apprendre le crawl, les poissons ? Non, sans doute pas. Et le papillon ? Non, je sais, ça éclabousse trop, ça risque de vous faire peur. Et la nage indienne ? Et le court-bouillon ? Oh non, pardon, c’est de mauvais goût, je devrais faire attention avant de faire de l’humour avec vous. Ça va, vous n’êtes pas susceptibles, non, vous êtes même plutôt faciles à vivre, je le reconnais. Un peu comme moi, je pense. Après, moi, je vis bien avec moi, en ce moment mais peut-être que pour les autres, ce n’est pas aussi simple que ça. Allez, les copains, je vous serre les nageoires et je reviens vous voir demain.