ce n’est pas moi qui ai commencé

Un qui commence mais ce n’est pas moi qui ai commencé, je vous le jure. C’est le mois de mars mais ce n’est pas moi. Un coup de barre ? Mars et ça devrait repartir si je dois en croire mes souvenirs de quand j’étais plus jeune, au siècle dernier. Il y a vraiment des slogans qui marquent. La preuve. Bon, on a déjà fait deux mois de cette année qui n’est plus tout à fait nouvelle, désormais. Il nous reste encore cinq fois la même chose pour passer à 2024. Mais non, je ne suis pas pressé, c’est juste une constatation. Ce n’est que factuel. Moi, je regarde le temps qui passe si vite que ça me donne un peu le tournis, parfois. C’est vrai qu’il passait plus lentement quand j’étais encore en activité. Forcément et comme tout le monde. Parce que les semaines n’en finissaient jamais pour arriver aux deux jours de repos hebdomadaires.

Mais en même temps, ce dernier s’étirait d’une façon insupportable sauf que très souvent, je me disais « c’est incroyable, on est déjà au printemps » ou « on est déjà en automne », malgré tout. En tout cas, aujourd’hui, je me dis beaucoup plus souvent : « on est déjà mercredi, c’est le jour de la femme de ménage et j’ai mon cours avec Axel » ou « on est déjà samedi soir, demain matin, je vais promener les chiens » ou « putain, c’est encore bientôt Noël ! » mais je le redis pour que les choses soient bien claires pour tout le monde, ce n’est pas moi qui ai commencé. Moi, vis-à-vis du temps qui passe, je suis extrêmement passif pour ne pas dire soumis. Je fais avec ce qu’il me donne. Avec les miettes qu’il me jette. Et j’ai bien conscience d’être assis sur une peau de chagrin. Le compte à rebours a déjà commencé.

Où serai-je dans quelques mois voire dans quelques années ? Aurai-je eu le temps de vivre ce que j’aurais aimé vivre ? Personne n’a la réponse à ces questions que je me pose dès 5h du matin. Parce qu’il fait encore nuit et parce qu’il fait froid, dehors et frais, dedans. Parce que je suis encore en tenue de nuit, caleçon flottant et tee-shirt. Tout à l’heure, dans peu de temps, je serai douché, habillé, dents brossées et je me sentirai peut-être un peu moins seul. Non pas que je n’apprécie pas cette solitude matutinale, bien au contraire. Mais même si j’aime ce moment où je suis seul au monde, je n’aime pas avoir froid. Ni trop chaud. Je suis un modéré à tendance extrémiste. Et c’est pour ça que je n’y suis pas pour grand-chose. Ce n’est pas moi qui ai commencé. C’est comme ça,  juste comme ça. Ainsi soit-il.