Je marche avec plein de pensées qui ne se trouvent pas que dans ma tête, comme si tout mon corps se mettait à vouloir avoir de l’esprit ou des idées. Je marche avec la sensation que mes pas ne vont me mener nulle part ou alors, dans un ailleurs que je ne soupçonne pas. Je marche avec un peu de froid autour de moi malgré le fait que je n’ai qu’autour de mon regard qui n’est pas vêtu. Je marche avec certains contresens car je ne veux pas croiser les yeux de tous les gens qui sont face à moi. Je marche avec peu d’importance car, finalement, c’est bien ça qui me caractérise : la banalité la plus affligeante. Je marche avec l’espoir que peut-être, je dis bien peut-être, un jour, je pourrai te voir, même au loin, même en simple silhouette pour ne pas te perdre complètement. Je marche avec plein de pensées qui ne se trouvent pas que dans ma tête.
Je marche avec l’esprit encombré de plein de choses inutiles, ce qui résume bien ma vie : un entassement de bric et de broc au lieu d’être allé à l’essentiel. Je marche avec les verres de mes lunettes qui se foncent au soleil et plus il est lumineux, moins on peut me reconnaître. Je marche avec certains regrets et beaucoup de questions : pourquoi ? Pourquoi toi et moi ? Et pourquoi moi ? Je marche avec une seule certitude : celle qu’il n’y a pas d’horizon, juste des illusions. Je marche avec des airs qui m’entêtent même si souvent, ils me ravissent et alors, je chantonne sans que personne ne puisse m’entendre. Je marche avec l’envie de m’arrêter mais je ne peux pas car si je m’arrête, ne vais-je pas mourir, tout simplement ? Je marche avec la peur de ne pas être à la hauteur. Je marche avec l’esprit encombré de plein de choses tellement inutiles.
Je marche avec si peu de connaissances que je me dis que je vais forcément encore me tromper, encore et encore. Je marche avec le cœur qui tient le rythme et il pourrait servir alors de métronome pour un cours de piano mais au lieu de faire allegro ou presto, si on m’autorisait une valse lente ? Je marche avec une montre podomètre et je sais qu’elle est à mon poignet et que le temps et que mes pas sont comptés. Je marche avec tant d’hésitations sur telle ou telle direction que je finis toujours pas faire du sur place. Je marche avec la mine de quelqu’un qui n’a plus envie de faire des rencontres, qui préfère rester seul, dans son coin. Je marche avec le silence comme compagnon de route parce que je ne vais pas commencer à parler tout seul dans la rue. Je marche avec si peu de connaissances que je me dis que je vais forcément me tromper.