le lycéen
Franchement ? Je savais un peu à quoi m’en tenir mais je ne comprends toujours pas vraiment le choix du titre de ce film de Christophe Honoré, que je suis depuis des années car j’aime vraiment beaucoup ce qu’il fait. Le lycéen, c’est vraiment un titre étrange pour un film qui parle du deuil impossible du fils qui a perdu son père et de celui, tout aussi insurmontable de sa mère, de l’épouse, qui a perdu son mari. Le fils n’est pas seul, il a un frère qui vit à Paris en colocation avec un ami noir et gay, ce détail a son importance. Et donc, ce film qui parle de la perte d’un être plus que cher et la difficulté qu’on a de vivre avec son absence, effectivement, c’est surtout l’histoire de Lucas, lycéen de 17 ans, un âge particulier où tout semble réalisable même si tout semble très lourd à porter. L’âge de l’invincibilité et de la fragilité.
Le père meurt dans un accident de voiture, c’est brutal et toute la famille, tous les proches sont là pour soutenir la mère et les deux fils et dès le début, on pleure avec eux, en tout cas, moi et pourtant, Christophe Honoré ne donne pas spécialement dans le mélo mais vraiment, il nous touche en plein cœur. Moi, évidemment, j’ai repensé à la disparition de mon père, en janvier dernier, bientôt un an, comme une double peine mais j’ai tenu bon. Et le fils, le lycéen, va péter les plombs, il va craquer après le moment de sidération suite à l’annonce de la mort de son père. On va venir le chercher à son internat et il va se retrouver propulsé dans un monde d’une crudité terrible. Il n’ira pas aux funérailles. Il va aller passer quelques jours chez son frère à Paris pour tenter de penser à autre chose. Pour voir autre chose.
Là, d’autres vies l’attendent, d’autres sensations, parfois tout aussi brutales mais surtout, il va tomber amoureux du colocataire de son frère. Ça ne va pas arranger les choses car, comme disait le poète, on n’est pas sérieux quand on a 17 ans mais surtout, on prend tout au sérieux et on est très fort pour se bercer d’illusions. Et de fil en aiguille, le cinéaste nous balance d’émotion forte en émotion forte pour nous faire vivre le deuil de cette famille qui subit la colère, l’incompréhension, l’abattement et bien d’autres choses encore. C’est fort, c’est bien écrit et c’est bouleversant. Juliette Binoche, la mère est magistrale. Le jeune Lucas (Paul Kircher) est étonnant et Lilio, le colocataire noir Erwan Keopa Falé), parfait, une vraie découverte. Si je vous dis que pour moi, ce film est un chef d’œuvre, me croirez-vous, pour une fois ?