Forcément, ça me rend triste, de voir ces incendies qui touchent la Gironde. Malheureusement, je reconnais que je suis loin d’être objectif car quand c’est ailleurs que ça se passe, ça me désole mais ça s’arrête là alors que cette fois-ci, en sachant que c’est de plus en plus près de Biscarrosse et en sachant que je connais des gens à La Teste de Buch, à Pyla-Sur-Mer, à Bisca et même à Landiras, je suis vraiment troublé. Je connais très bien la route des plages là où des campings ont totalement (ou presque) cramé. Le Petit Nice, La Lagune et les autres étendues de sable fin entourées de l’océan d’un côté et de la forêt derrière des dunes, de l’autre. Je suis triste mais aussi très en colère. Je serais même capable d’être vraiment un salopard, si je m’écoutais. Il paraît qu’on a mis quelqu’un en garde à vue, à Landiras.

Pour La Teste de Buch, ça serait à cause d’un petit fourgon dont le moteur aurait pris feu. Ça n’empêche pas la colère. Parce que quel gâchis. Parce que je pense à toute la faune qui souffre en plus de toute la flore. Parce que je pense à tous ces animaux qui sont pris au piège. Je pense à tous ces hectares de forêt qui ont déjà disparu et qui ne seront pas remplacés de sitôt. Je sais aussi que ce ne sont pas les pins qui vont nous sauver du réchauffement climatique mais peu m’importe, ce sont des arbres et je pense que leur douleur est aussi respectable que celle de tous les autres êtres vivants, sur notre planète. Je pense aussi à tous ces bénévoles qui tentent d’aider les pompiers comme ils le peuvent. Et bien sûr, je pense à nos soldats du feu qui n’en peuvent plus depuis plus d’une semaine, maintenant.

Ça m’a particulièrement ému d’en voir qui se sont endormis sur le bas-côté pour prendre un peu de force et je me dis que c’est une honte que pour certains pompiers, la retraite ne sera pas avant 62 ans alors que s’il y a un travail difficile, dangereux et pénible, c’est bien celui se sauver les autres quelles que soient les conditions pour le faire. Hier, aujourd’hui et demain, je ne comprends pas pourquoi cet acharnement du feu à tout détruire. Je sais, c’est naïf (pour ne pas dire con, d’écrire ça) mais je voudrais aussi dire que depuis la nuit de lundi à mardi, nous avons aussi l’odeur de ce feu dévastateur sur Bordeaux. Les fumées viennent jusqu’en ville. Et je peux vous dire que ça pique un peu la gorge, par moments. Mais ce n’est rien à côté des incendies en eux-mêmes. Ça aggrave juste ma tristesse. Et ma colère, bien sûr.