À ma façon, je suis en train de vivre quatre semaines sans rien. Un peu comme si je faisais le carême. Et à l’heure où on parle beaucoup d’abstention, moi, je revendique l’abstinence. C’est idiot, car ça n’a rien à voir. Mais voilà, c’est comme ça qu’en ce mois d’avril 2022, j’ai (plus ou moins) choisi de vivre quatre semaines sans rien. Et je vais même vous faire une confidence très intime, quand je dis que j’ai choisi, ce n’est pas tout à fait vrai mais ça m’arrange, c’est de le croire moi-même. Parce que ça me permet de m’en sortir la tête haute. Maintenant, si vous me demandez pour qui, pour quoi, je garderai la réponse pour moi. Mettons que je suis dans une période de jeûne. Ce qui est bien pour un mec de mon âge. Et ce n’est pas parce que je parle de mes années que ça m’obsède, non, évidemment.
Et donc, pendant ces quatre semaines sans rien, je vais respecter les règles du jeu et rester le plus possible dans mon donjon, comme un prince au bois dormant. Sauf que le prince, ce n’est pas moi. Je n’ai jamais eu cette ambition-là. Je n’en ai pas non plus le charisme. Je peux juste prétendre être le sujet d’un prince. Ou le bouffon du roi. Mais ça, ça ne sera éventuellement possible qu’à partir du 2 mai. Voire à partir du 1er mais je ne sais pas si ça ne sera pas un jour férié pour moi aussi. Et dans ce cas, je demanderai un délai supplémentaire. En même temps, venir avec un brin de muguet pour des retrouvailles, je trouve que c’est une idée follement romantique. Ça change des roses. Et puis, présenter une fleur porte-bonheur à quelqu’un qu’on aime, c’est le top. Est-ce que le bonheur existe seulement ?
Alors voilà, nous en sommes à un peu plus de la moitié de ces quatre semaines sans rien. À mon esprit défendant, j’ai été bien lointain. Je me suis retiré comme si j’avais pris subitement trop d’âge, à la chandelle, au coin du feu. Et j’ai beaucoup pensé à tous ces jours passés, à tous ces instants partagés, à tous ces moments de communion. Et là, je dois avouer que ça me manque mais je suis très mal placé pour réclamer quoique ce soit. Si encore j’étais un peu plus présent, je pourrais… Si, je crois que j’ai quand même le droit de dire que ça me manque, tout ça. Que tu me manques. C’est le seul droit auquel je peux prétendre. Et plus qu’un droit, c’est un devoir. Après, l’avenir (proche) me dira si mes vœux secrets seront exaucés. Et alors, je pourrai dire que je n’ai pas vécu ces quatre semaines pour rien.