je n’irai jamais en Islande

J’ai toujours rêvé des aurores boréales, depuis que je suis petit. Tout ça parce que lors de la remise de prix en CM1, comme j’avais toujours ceux d’excellence, quand j’étais en primaire, j’ai eu un livre sur la vie des esquimaux avec beaucoup d’images. Et si je me souviens vaguement de quelques-unes d’entre elles, j’ai surtout celles des aurores boréales en mémoire. Ces espèces de drapés verts dans un ciel toujours noir corbeau. Et ça me faisait rêver, rêver, rêver. Mais j’ai un peu oublié tout ça avec l’adolescence et ma vie de jeune adulte car j’ai alors eu d’autres priorités. Celles de la puberté, celles de l’écriture à tout prix et celles de mes débuts dans la vie professionnelle. Et si j’ai commencé à faire des grands voyages à l’âge de 23 ans, ça n’a jamais été vers le Pôle Nord. Comme des actes manqués.

Et puis, allez savoir pourquoi, un jour, ça m’est revenu en pleine gueule. Est-ce parce que j’ai vu un reportage à la télé, lu un livre ou que sais-je encore ? (Il est où, d’ailleurs celui de mon enfance sur les esquimaux ?) Ou est-ce que c’est parce que ma mémoire me l’a imposé subrepticement, de jour en jour jusqu’à ce que ça devienne une évidence en moi ? Je veux aller en Islande. Un jour, j’irai un Islande. Ce petit pays m’attire depuis des années, maintenant. J’en aime l’aspect sauvage et brut. Et j’en aime ce que j’en vois de ses habitants. Et je sais que j’en aimerais ses aurores boréales. Forcément. Mais personne, je dis bien personne, autour de moi, n’a envie de m’accompagner là-bas. Le président et le patron parce qu’il y fait trop froid. Et ensuite, parce que, à qui demander d’autre ?

Il faudrait que je sois en parfaite communion pour partir faire un si beau voyage avec quelqu’un de mon entourage. Avec quelqu’un que je ne connais pas, ce n’est pas possible. Partir tout seul ? C’était la dernière option qui me restait jusqu’à ce que je comprenne que je n’irai jamais en Islande. Désormais, c’est une certitude. Une certitude absolue. Parce que c’est un pays qui est devenu le rêve de tout le monde et que je ne veux plus entrer dans le tourisme de masse. Parce que je ne veux pas contribuer à la pollution de cet endroit qui n’aurait pas dû attirer autant de monde. Et donc, ça restera un des regrets de ma vie. Et, aussi sans doute, la première chose dans la liste de ce que j’aurais aimé faire avant de mourir mais que je ne ferai pas. Et je vais réfléchir à en ajouter d’autres à cette liste.