mourir de poussière

Et tu redeviendras poussière, surtout si tu te fais incinérer, comme disait Landru. Oui, je sais et comme je veux justement passer au crématorium quand je serai mort, je me sens concerné mais point trop n’en faut et chaque chose en son temps, si j’ai mon mot à dire. Il n’empêche que cette année, sans exagérer, j’ai déjà failli mourir deux fois et ce n’est pas qu’une vue de l’esprit, non, j’ai vraiment failli y passer. Toujours à mon corps défendant car je suis tellement douillet qu’il est carrément inenvisageable pour moi de penser ne serait-ce qu’une seconde au suicide. Non, non. Et pour la faucheuse, là encore, je ne sais pas si je lutterai mais le jour où elle viendra : « haut les mains, ceci est un hold-up ! », je lèverai les mains et je me laisserai faire. Je n’ai pas envie de me battre.

Déjà, parce que je suis baraqué comme un flan aux pruneaux. Et parce que je ne veux pas d’histoire. Et enfin, parce que si c’est comme ça que ça doit se passer, ça se passera comme ça. Bon, la première fois que j’ai failli y passer, cette année, en tout cas, j’y ai vraiment cru, c’est quand il y a eu cette collision latérale entre un camion de livraison et le tram dans lequel j’étais. J’étais dans le wagon de tête et le camion aussi. Et le tram a valdingué, deux petits coups de gauche à droite avant de se stabiliser et personne n’a rien eu si ce n’est très peur. Mais le temps court que ça a duré, j’ai vraiment cru que la rame allait dérailler et se coucher justement de mon côté, celui opposé à celui du choc avec le camion. Et je peux vous dire qu’en deux secondes, on croit vraiment que c’est la fin.

La deuxième fois, c’était lundi après-midi, quand on est allés au box avec le président et qu’on a fait du rangement et que j’ai retrouvé le recueil de poèmes de mes 16 à 18 ans et l’album des Vers (en parlerai-je une autre fois ? Je ne sais pas), on a brassé tellement de poussière qu’à un moment, j’ai eu une quinte de toux et comme on n’avait pas pensé à emporter une bouteille d’eau, ça m’a arraché la gorge et j’ai même failli vomir, plusieurs reprises et j’ai ressenti ma gorge comme pleine de poussière impossible à faire sortir et j’ai commencé à ne plus pouvoir respirer et je suis sorti prendre l’air. Et j’ai mis du temps à aller mieux, jusqu’au moment d’aller dormir, le soir. Mais encore une fois, j’ai cru que j’allais y passer car j’étouffais vraiment. Et pourtant, je ne suis pas du genre à dramatiser.