C’est facile d’être triste quand on a des bonnes raisons de l’être mais c’est aussi facile de faire semblant, enfin, en tout cas, pour moi et c’est alors très facile de rire et/ou de vouloir faire rire. Je ne suis pas là pour me plaindre même si parfois, je me laisse aller à m’épancher probablement un peu plus que de raison mais c’est ainsi que je fonctionne, je ne sais pas (ou je ne veux pas ?) faire autrement. Et je ne cherche pas à faire autrement. On me prend comme je suis, si je puis me permettre cette expression qui pourrait être à double tranchant. Ou alors, on ne me prend pas, ce qui me va bien aussi. Mais quoiqu’il en soit, je revendique mon droit à la tristesse et je réclame le droit à faire le clown même si au fond de moi, c’est plutôt de la mélancolie qui m’habite.

Je suis en train de faire face à une grande douleur (il n’y a pas que moi, je sais et je ne suis pas le premier, je le sais aussi mais c’est de moi dont il s’agit, alors…) et bon, j’apprends à vivre avec. Franchement ? Ça n’est pas si difficile que ça vu que de toute façon, c’était ce qui pouvait arriver de mieux à mon père mais bon, ça n’empêche pas la peine. Ça n’exclut pas le chagrin et ça ne fait pas disparaître l’affliction. Oui, la réalité est dépassée par l’affliction mais c’est la vie. Et ça ne me prive pas de faire des jeux de mots et de rire moi-même à mes propres bêtises car, comme l’a si bien dit Beaumarchais, il faut que je me dépêche d’en rire pour ne pas avoir à en pleurer. Alors oui, ça ne se voit pas forcément sur mon visage mais au fond de moi, il y a quelque chose qui n’est pas joyeux.

Alors oui, les grandes douleurs sont muettes. Et encore oui, les grandes douleurs sont intimes. Et non, les grandes douleurs ne se partagent pas et quand on est comme moi, que l’on croit au pouvoir des mots, on se rend compte que dans certains cas, ils sont bien faibles pour ne pas dire inutiles. Oh, peut-être pas vraiment inutiles mais pas loin. Mais après tout, peu importe. C’est comme ça que ça se passe. On vit avec ses grandes douleurs, elles font partie de nous, elles nous construisent, à n’importe quel âge. Et c’est ainsi que tout le monde fait. Aux grands maux… Aux grands mots… Et le soleil continue de briller quand il est là, la sève du printemps monte et les oiseaux chantent. Les grandes douleurs sont mouettes, comme me l’a dit Jonathan Livingstone, le goéland qui a raison.