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20 janvier 2022

ça a vraiment manqué de panache (écrit avant)

Quand je me suis fait volé mon téléphone dans la rue, samedi 8 janvier, près de la cité Chantecrit, je peux dire que je l’ai échappé belle parce qu’on ne m’a volé que mon téléphone et pas mon sac avec mes papiers, un peu d’argent, quelques diamants, des louis d’or et trois lingots que j’ai toujours sur moi. Mais à bien y réfléchir, même si depuis, la sensation désagréable a tendance à s’atténuer, je dois reconnaître que si j'y pense, je me demande si je n’ai pas rêvé. Que nenni, puisque j’ai un nouveau téléphone et que forcément, s’il me manquait une preuve, elle est sous mon nez même à l’instant présent où j’écris ces quelques lignes. Et si je n’ai pas rêvé et si je me sens moins mal par rapport à ce que j’ai appelé une agression, quand ça m’est arrivé, je me demande si je n’ai pas un peu exagéré.

Oui, parce que je n’ai pas été violenté. Il n’aurait manqué plus que ça, je vous l’accorde. La violence que j’ai subie, elle est objectivement assez réduite, plus psychologique qu’autre chose. Mais j’ai aussi un début de honte. Et une sensation un peu étrange, du genre à m’écrier : « Vous voyez ! Quand je vous dis que j’ai une vie désespérément banale ? Il ne m’arrive jamais rien de grave ! Que voulez-vous que je fasse avec des telles anecdotes du domaine du quotidien ? » Il y en a qui aurait été tabassés parce qu’ils auraient résisté ou parce qu’ils auraient été juifs ou homosexuels. Moi, on m’a juste piqué mon téléphone à la volée. À la sauvette. Il y a en a qui auraient été violées ou enlevées pour être prostituées. Moi, je n’ai rien subi d’autre qu’un effet de surprise qui m’a coupé la chique. Banal, je vous dis.

Bien sûr, si les deux jeunes voleurs m’avaient attiré dans un coin sombre et m’avaient menacé avec un couteau ou un pistolet, par exemple, j’aurais certainement eu envie de me défendre mais pas plus que ça pour ne pas en prendre un coup. Mais j’aurais pu en parler comme d’une expérience un peu inédite. Bien sûr, si j’avais été enlevé et maltraité jusqu’à ce que je donne tout ce que j’avais : ma carte bancaire, mes trois lingots, mes diamants, mes louis d’or et les liasses de billet que j’ai toujours de planqués sur moi, j’aurais pu m’en sortir et témoigner comme un rescapé. Mais là, franchement, là, vous ne trouvez pas que le vol de mon téléphone manque de panache ? Eh bien oui, forcément, quand on a une vie banale, on est agressé banalement. Si au moins ma mort pouvait être dramatique…

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Commentaires
M
Tu en rit, mais quand tu vois comment un vol banal à l’arraché perturbe, j’ose même pas imaginer le traumatisme quand tu te fais en plus tabasser!
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