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17 janvier 2022

chambre (13C) 336

Hier, alors que la journée avait plutôt bien commencé, elle a continué d’une façon des plus étranges. Papa est hospitalisé depuis une bonne dizaine de jours maintenant mais rien ne laissait présager qu’on allait nous dire que c’étaient ses derniers instants, ses dernières heures. Il ne passera peut-être pas la journée, nous a-t-on dit. Ou avons-nous mal compris, allez savoir. Quoiqu’il en soit, nous avons pris la route aussitôt et nous avons fendu un brouillard sur l’autoroute pendant tout le trajet pour être là.

Je n’avais pas spécialement envie de te voir dans ce qui pouvait être ta fin de vie, papa mais en arrivant à Saint-Maixent, nous sommes montés à ta chambre et juste avant, à l’accueil de l’hôpital, j’ai commencé à prendre conscience de ce qui t’arrivait, de ce qui nous arrivait car normalement, on ne peut pas être plus de deux dans une chambre, pour une visite à un malade. Sauf que là, avec mon grand-frère et maman, nous allions être quatre et on nous a gentiment laissés passer, sans aucun problème.

 « Il y a des cas exceptionnels où on comprend qu’on ne peut pas restreindre le nombre de visiteurs, allez-y, c’est la chambre 336. » Ça n’augurait rien de bon si jamais on avait pu espérer que nous étions en plein mauvais rêve. Et là, nous avons retrouvé maman qui te tenait la main, qui ne voulait pas la lâcher et toi, comme dans une espèce de coma, branché pour l’hydratation, branché pour l’oxygène et branché pour la morphine. Mais pour une fois, la première depuis longtemps, tu semblais…

Tu semblais reposé, détendu et même beau comme tu l’as été au temps de ta splendeur. Reposé car tu étais comme dans un coma, les yeux fermés, probablement inconscient à cause ou grâce à la morphine. Mais tu avais la bouche ouverte et quelques tressautements de ta jambe gauche. Parfois, tu ouvrais les paupières une seconde pour les refermer aussitôt. J’ai pu te voir et c’était étrange, un peu comme si c’était la dernière fois. Et je ne m’en suis pas rassasié, j’ai engrangé ces images de toi.

Je me suis même dit que si la mort avait ton visage, reposé, ça me consolait car je n’aimerais pas que tu partes avec cette mine affreuse que tu avais les deux fois précédentes quand je suis venu te voir à l’Ehpad. Et là, depuis hier, oui, c’est vraiment étrange car nous sommes dans l’attente, dans cette attente que tu partes. Que tu sois enfin libéré de ce carcan qui t’avait reclus depuis quelques années mais surtout depuis janvier 2021. Dans l’attente qu’on sache qu’on ne te reverra plus jamais. Sauf dans notre cœur.

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Commentaires
M
Ho je n’avais pas vu ce message , désolée, de tout coeur avec toi, c’est tellement difficile d’accompagner ses parents dans leurs derniers instants . <br /> <br /> Je te souhaite beaucoup de courage.
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J
Difficiles moments
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C
Vos mots disent bien ce que j'ai déjà malheureusement vécu ! Merci pour ceux-là et tous les autres !
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