fragments de la vraie vie de Jésus petit

Oh non ! Qu’est-ce qu’il y a, Marie ? Il y a Jésus qui a encore sali ses langes et cette fois, ce n’est pas pour faire pipi, viens voir. Ou viens sentir, plutôt. Ah oui, ça daube. Je suis sûr que c’est la purée d’épinards, hier. Il va encore avoir fait tout mou et tout vert. Je te jure que si j’avais su, moi, à Gabriel, je lui aurais dit non, quand il est venu m’annoncer la nouvelle, l’an dernier. Bon écoute, tu es fatiguée, tu ne dors pas assez, je vais m’en occuper. Tu sais qu’il va falloir le changer. Pourquoi, tu veux en prendre un autre, un plus propre ? Non, le changer, changer ses langes, pas le changer lui, lui, on le garde. Il est plutôt beau et avec un peu de chance, s’il est en bonne santé, ça sera un miracle. Et effectivement, c’est bien une diarrhée toute verte et très odorante, qu’il nous a fait, le bébé, là. Allez, on se dépêche car ça refoule vraiment, là, hein, Jésus ?

Après l’avoir changé, comme chaque soir, Marie et Joseph donnent du lait au petit parce que c’est bon pour sa croissance mais une fois qu’il est bu, il faut lui faire faire son rot. Allez, Jésus, fais ton rot, maman aimerait bien aller te coucher car elle est fatiguée et elle aimerait bien aller au lit, elle aussi. Tu veux que je le prenne, si tu veux aller t’allonger ? Tu es gentil, Joseph, je veux bien. Tiens, prends-le mais attention, tiens-le bien droit, hein ? Oui, oui, je sais. Allez, mon petit Jésounet, tu veux bien faire ton rot avec ton papounet ? Ah ! Ça y est, je sens que ça vient, là, non ? … Ah, c’est bien. Mais tu aurais pu te contenter d’un rot tout simple. Parce que là, tu as vomi sur ma chasuble. Et ça chlingue, dis-donc. Marie ? Oui, Joseph ? C’est du lait de brebis que tu lui as donné, ce soir ? Oui, pourquoi ? Pour rien, juste pour savoir parce que ça sent fort.

Le lendemain matin, comme c’est dimanche, Marie et Joseph traînent au lit car à cette époque-là, il n’y avait pas encore de messe et ils profitent d’un moment avec Jésus, sur leur paillasse. Et Jésus est très en forme, il est très agité, il n’arrête pas de donner des petits coups avec ses petits poings sur le front de son papa. Et ça fait rire tout le monde. Et à un moment, Joseph dit « Dis-donc, avec toi, Jésus, c’est la multiplication des poings ! » Et ensuite, c’est l’heure du bain et ils préparent de l’eau chaude et avant de plonger le petit dedans, ils le tiennent au-dessus. Regarde, Joseph, il bouge ses pieds au-dessus du bain, on dirait qu’il marche sur l’eau ! Ah oui, c’est mignon, dommage qu’on n’ait pas encore inventé les appareils photos, ça nous aurait fait un souvenir amusant pour quand il sera père lui-même et pourquoi pas, grand-père, aussi.