à propos de mes dernières volontés

Attention, je ne m’appelle pas Joséphine Baker, moi, je refuse d’entrer au Panthéon. Je vous rappelle que je veux être incinéré, je veux des cendres, juste des cendres. Alors que personne ne se permette de faire des choses qui n’entrent pas dans mes dernières volontés. Ni dans mes premières volontés, d’ailleurs. Dans aucunes de mes volontés. Ni plus, ni moins. Et ne pensez pas que je suis de mauvaise humeur parce que je parle de ça dès la fin de la nuit, à peine la cérémonie d’hier soir digérée. Non, je ne critique pas la panthéonisation de Joséphine Baker, je dis juste à mes proches qu’il ne doit jamais en être question pour moi. Je vous rappelle que respecter les volontés d’un défunt, c’est un droit inaliénable et un devoir moral parmi les plus importants. Je ne demande pas grand-chose, moi, pour quand je serai mort, juste une bonne dispersion.

À propos de dernières volontés, si jamais je devais mourir dans le dernier trimestre d’une année, j’aimerais qu’on respecte aussi mon désir ardent de supprimer les fêtes de Noël qui suivront. Oui, parce que cette année encore, depuis fin octobre-début novembre, on est envahi, overdosé et matraqué de Noël partout : dans les rues déjà décorées, dans les magazines de cuisine qui n’en peuvent plus de nous parler homard, foie gras, truffe, chapon et bûche avec force photos d’idées décorations et je ne parle pas des suggestions cadeaux dans les autres revues et dans les catalogues des magasins. Non, vraiment, si je meurs lors d’un dernier trimestre, faites-moi plaisir, le plus grand des plaisirs : supprimez le Noël qui suit. Vous verrez qu’on peut très bien vivre sans passer par cette fête (cette sur-fête surfaite) et là oui, j’accepte.

Là oui, j’accepte quoi ? Là, oui, j’accepte d’être un peu de mauvaise humeur dès potron-minet mais je vous jure que cette année encore, je réagis d’une façon épidermique à tous ces signes ostentatoires de Noël bien trop avant l’heure. Mais revenons à mes dernières volontés (qui sont finalement plus importantes que cette petite fête d’origine catholique) : il y en a peut-être d’autres dont j’ai oublié de parler. J’y reviendrai en temps voulu. En temps utile. Chaque chose en son temps et à sa place. Cela dit, pour en revenir à la cérémonie d’entrée au Panthéon de Joséphine Baker, c’était une belle soirée. Je l’ai regardée à la télévision et j’ai trouvé ça bien. En même temps, on ne s’est pas tapé sur les cuisses en hurlant de rire mais c’était vraiment une belle soirée. Tout d’un coup, j’ai senti beaucoup de respect. Ça faisait si longtemps.