une belle fuite d’eau

Je ne sais pas ce qui s’est passé mais quelle belle fuite d’eau ! Dans quelle pièce précisément ? Je ne sais pas. Je ne sais plus mais j’ai vraiment eu affaire à une belle fuite d’eau. Heureusement, ce n’était pas une fuite de capitaux. Je dis « heureusement » car là, ça aurait été embêtant vis-à-vis des services du Fisc. De chaque manière, j’ai pris autant de prudences que nécessaire afin de ne pas me faire prendre par la brigade financière. Il n’en a pas été de même avec le réseau sanitaire. Là j’ai été un peu négligent mais je le sais. Sauf que je ne peux pas penser à l’ensemble de ce que j’ai à faire, semaine après semaine, année après année. Mes matins, mes après-midis et mes nuits manquent de temps afin que je puisse être parfait. De ce fait, j’ai une belle fuite d’eau, il y en a dans chaque angle de l’appartement et même sur la terrasse, c’est dire.

Ça ferait presque penser à une crue mais pas à une crue de fleuve, pas à une crue de rivière ni à la vague déferlante d’une mer déchaînée. Que nenni, ce n’est qu’une belle fuite d’eau car un truc s’est mal passé et ça a ruisselé, ça a suinté et ça s’est répandu sur le carrelage qui ressemble à du parquet (heureusement, là aussi) et il y a de l’eau universellement, chez le président et bibi. Et avec ce temps frais et humide, autant que ça se sache, ça ne sèche pas vite. Ça ne peut pas sécher rapidement et je suis là, dans une ambiance détrempée (j’aurais pu dire « aqueux » mais j’hésite) et je ne peux que m’habiller un peu plus chaudement afin de ne pas attraper du mal. C’est vrai, ça : de la fraîcheur et de l’humidité, rien de tel si je veux chuter malade. Et ce n’est pas l’espace-temps adéquat à ma pensée, en ces instants de presque décembre.

Je ne sais pas ce que je vais faire afin de m’extraire de cet ennui dangereux. Les serpillères ne peuvent rien y faire, en plus je n’en ai pas assez et je ne vais pas mettre mes vêtements par terre afin d’essuyer et d’étancher cette immensité d’eau qui a envahi l’appartement. Je ne vais pas attendre le printemps, c’est tard, dans presque seize semaines. Je ne vais pas appeler les sapeurs ni un réparateur en sanitaires, je vais de préférence essayer de tirer cette affaire au clair, le plus vite que j’en serai capable et après, je serai enfin dans l’idée de dire « ça y est, la difficulté est dépassée et je peux penser à d’autres trucs. Mais je me demande et je leur demande, à mes lecteurs et trices : savent-ils ce qui s’est réellement passé ? Avaient-ils deviné par quel fait j’ai subi cette immense fuite d’eau. Parce que, en fait, il n’y en a plus, de l’eau.