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22 septembre 2021

chambre 13C (5)

Je t’ai rendu visite, lundi après-midi. Je suis venu te voir avec une espèce de boule au ventre. Aurais-tu continué de vieillir à grande vitesse comme c’est le cas depuis le début de l’année ? Allais-tu me reconnaître ? Je dois avouer que je redoute le jour où tu ne sauras plus que je suis ton fils. Et avant-hier, j’ai aussi eu peur que tu sois dans un fauteuil, attaché pour éviter que tu n’aies de cesse de déambuler et donc, de tomber de fatigue car tu es devenu tellement fragile… Tu as tellement maigri… Tu t’es tellement asséché depuis 9 mois… Je me demande même d’où tu sors ces quelques larmes qui viennent au creux de tes yeux, quand on arrive et qu’on te dit bonjour. D’où viennent-elles ? Puisque tu n’as plus aucune épaisseur, en apparence. En tout cas, tu nous as bien reconnus…

Depuis que tu es placé, comme on dit, je m’accroche à des petits riens. C’est une expression car ces petits riens, c’est loin d’être des petites choses mais tout est diminué, sauf ta maladie, en ce qui te concerne. Je m’accroche à un sourire, à un œil pétillant même si c’est fugace, à une grimace volontaire, à une espèce de complicité brève, à ta main dans la mienne… Tout devient important. Même le geste apparemment le plus simple du monde. Quand j’ai voulu que le président nous prenne en photo, lundi, nous étions tous les deux assis sur ton lit, je t’ai demandé de faire un sourire, ce que tu fais de moins en moins, il faut bien le reconnaître. Et là, à la surprise générale de nous trois, avec maman, tu nous as fait quelques secondes un jeu de rictus grimaçant comme dans les dessins animés.

Nous sommes partis d’un grand éclat de rire collégial et toi-même, content de toi, tu as ri. Tu étais vivant, fier de toi et nous aussi, nous étions fiers de te voir comme ça. L’espace d’un instant, j’ai retrouvé mon père avec qui, d’un simple regard, nous pensions aux mêmes bêtises à dire ou à faire. Quel moment heureux et quel moment précieux ! Comme je le disais plus haut, je m’accroche à ces petits instants réellement partagés. Et je regrette de ne pas te filmer du début à la fin de notre visite pour avoir la chance de te revoir comme ça, de revivre ça par images interposées. De toute façon, je ne l’oublierai pas, que tu nous as fait passer un bon moment, malgré les circonstances, loin d’être joyeuses. Voilà encore un petit tour dans ta nouvelle vie. Un petit tour et puis s’en va tout doucement.

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Commentaires
J
Si beau ce sourire….si douloureux si précieux á garder
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M
Des mots plein d’amour et de chagrin, courage ❤️
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