Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
C'est écrit
8 juin 2021

est-ce qu’un jour, tu m’auras oublié, moi aussi ?

Ce matin, je me suis levé en me demandant vraiment si un jour, tu m’auras oublié, moi aussi. Parce que si tu m’oublies, c’est que je ne serai pas le seul à ne plus faire partie de tes souvenirs. Et quand cette idée saugrenue mais probable m’effleure, j’avoue que j’ai tendance à la balayer d’un geste de la main. À reprendre une ancienne habitude, celle de faire l’autruche car ne pas affronter la réalité, c’est tellement plus confortable. C’est tellement moins triste. Ce matin, j’y ai longuement pensé.

Parce que c’est sûr, un jour, tu m’auras oublié et quand je viendrai te voir, tu me diras « bonjour monsieur », si tant est que tu me dises bonjour. Peut-être alors que tu ne me regarderas même pas puisque je serai venu un inconnu pour toi. Et pourtant, et pourtant, je me dis que parfois, quand tu auras des moments de lucidité, tu penseras à moi. Pas seulement à moi, tu penseras à nous, tu ne pourras pas réellement nous effacer de ton esprit. Pas totalement de ta mémoire. Même en lambeaux.

Ça, je le redoute, ce matin. Je le redoute d’autant plus fort que jusqu’à présent, je me suis toujours dit, en voyant des films ou en lisant des romans qui parlaient de ça, que ça n’arrivait justement que dans les films et dans les romans. Alors pour l’instant, ça va. Tu n’es pas encore parti pour ce pays lointain de l’oubli mais dans ta poche, je sais que tu as un billet pour t’y rendre. On ne sait pas quand. On ne sait pas non plus si tu t’en serviras. Mais ça peut arriver. J’ai sorti ma tête de dans les cailloux.

Tu vois, j’ai appris que les autruches ne mettent pas la tête dans le sable car elles ont peur. Non, quand elles ont peur, elles s’enfuient. Non, il semble que c’est pour surveiller les œufs qu’elles ont pondu et enfouis. Entre s’enfuir et enfouir, il n’y a pas grand-chose de différence. Mais quand bien même, si ça me plaît à moi de penser que ne pas vouloir voir la réalité en face, c’est une politique qui me va bien et qui m’a longtemps soulagé. Ce matin, ce n’est pas le cas, là, je sais que ça arrivera, un jour.

Et le jour où ça arrivera, est-ce que je serai là ? Est-ce que tu auras une mémoire en yoyo ? Un jour tu te souviens, le jour suivant, tu ne te souviens pas. Tu ne te souviens plus. Le fossé qui est en train de se creuser entre nous, sans qu’on l’ait voulu, évidemment, il ne se comblera plus jamais. Il existe, il est là. Et il s’agrandit de jour en jour même si je ne te vois qu’une fois par mois, environ. C’est l’inverse d’une peau de chagrin, plutôt un pot de chagrin. Alors, tant que tu peux, ne m’oublie pas.

Publicité
Publicité
Commentaires
M
essayer d'oublier que l'on peut t'oublier et vivre la présence réelle, physique, ça compte aussi beaucoup, ne sommes nous pas tous chacun dans notre monde?
Répondre
M
plus les gens vieilleront , plus il faut leur parler de leur vie d'avant dont les souvenirs sont indélébiles RECREER l'ambiance de leurs jeunes années les fait sortir de leur mutisme il parait ? ! certaines maisons spécialisées sont "vintage" exprés !!<br /> <br /> <br /> <br /> allez ! bonne future visite
Répondre
C'est écrit
Publicité
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 199 342
Archives
C'est écrit
Publicité