un jour, mon prince viendra

Un jour, mon prince viendra, un jour, il m’aimera… Ouais, mais ça serait bien qu’il se dépêche car moi, là, je vieillis et si ça se trouve, quand il va me voir, il va me trouver moche et décrépite et il ne voudra plus de moi. Et il aura bien raison car on le sait bien, les princes même les plus charmants, ils ne vont pas aller réveiller une vieille peau s’ils ont la possibilité d’en réveiller une qui est un peu plus fraîche. Ça ne marche pas comme ça, dans les contes de fées. Ça ferait nettement moins rêver les enfants. Et surtout les petites filles, n’en déplaisent aux gens qui sont contre la distinction des genres. Tu parles, elles veulent toutes devenir une princesse, les gamines. Non, non, moi, je persiste et je signe, quand mon prince viendra, je crains qu’il ne soit déjà largement trop tard. Que plus rien ne soit probable.

Dans son château heureux, s’en allant goûter le bonheur qui nous attend… Mouais… Là encore, si le prince veut venir me réveiller après que j’aurai dormi cent ans (ce qui n’est pas près d’arriver, vu la qualité de mon sommeil – si, peut-être quand je serai mort car là, je pourrai durer facilement au moins cent ans mais je ne suis pas sûr d’avoir envie de me réveiller, alors…), il va lui falloir beaucoup de courage car à supposer que je sois réellement en train de dormir depuis cent ans, je n’ose imaginer quelle haleine de poney je vais avoir quand il va vouloir m’embrasser sur la bouche, même délicatement, pour peu que je me mettre à bâiller au même moment… Et pourrai-je donner mon consentement pour suivre un inconnu sur son beau cheval sans rien savoir de lui ? Pas sûre, pas sûre.

Un jour, la mort viendra, un jour, elle m’emportera… Ah là, c’est curieux mais je trouve que là, c’est nettement plus crédible. Parce que dans les deux paragraphes précédents, je ne sais pas pourquoi je me suis pris pour une princesse de conte de fée, qui n’attend que d’être libérééééée, délivrééééée alors que je ne suis qu’un sexagénaire débutant en attendant d’en être un confirmé. Et je peux vous dire qu’en dehors de mon imaginaire, il n’existe pas donjon, de beau cheval et de doux baiser pour sortir des ténèbres. Le prince charmant ? Ah ben si, là, quand même. Heureusement qu’on a encore le droit de rêver. Mais à la limite, si vraiment il doit venir, j’aimerais bien que… Non, laissez tomber, on va encore dire que j’écris n’importe quoi. Je vais plutôt aller préparer ma salade de tomates, tiens.

Comments

[jany]

😀