Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
C'est écrit
23 avril 2021

les amoureux sur les bancs publics

« Les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics, bancs publics, bancs publics, en s’foutant pas mal du r’gard oblique des passants honnêtes… » Ces deux-là, sur le banc public du parc, je les ai bien observés. Rien n’a dépassé. Pas un geste n’a été déplacé. Et de ce que j’ai pu entendre des paroles qu’ils ont échangées, aucun mot ambigu n’a été évoqué. Il a pourtant été question de « je t’aime » et de « pourquoi ? » et de « attention, si tu m’aimes… », mais ils semblaient se sentir bien l’un avec l’autre, malgré certains doutes, malgré la pudeur qui les habitait. Je peux me tromper. Ils ne parlaient peut-être pas d’eux-mêmes. Pourtant, ils étaient deux. Ils étaient ensemble. Peut-être ensemble sans l’être tout à fait. Un début d’histoire d’amour ? Un amour non partagé ? Ou un amour hésitant ? Un amour finissant ? Non, pas finissant. J’espère pour eux.

Je n’ai pas pu détacher mon regard de ces deux-là, sur leur banc public, au parc, cette après-midi-là, sous un soleil éclatant. « J’ai attrapé un coup d’soleil, un coup d’amour, un coup de je t’aime… » Y a-t-il eu d’autres rougeurs que celles occasionnées par l’astre chaud ? Je n’étais pas assez près et je n’ai pas voulu être trop indiscret. Je les regardais de face quand eux ne pouvaient pas me voir car ils se regardaient dans les yeux. Je les écoutais de loin quand eux, ne pouvaient pas se rendre compte que j’essayais de le faire. Je m’imaginais m’approcher d’eux et leur dire qu’ils étaient beaux mais ça aurait été me mêler de ce qui ne me concernait pas. Et ils auraient pu être gênés, outrés, contrariés. J’aurais pu briser cette espèce de magie qu’il y avait en l’air, entre eux. Alors, je suis resté dans mon coin. J’ai juste continué de les regarder et de les écouter.

J’aurais pu passer encore du temps avec ces deux-là, assis côte-à-côte, sur un banc public du parc. Je suis déjà resté deux heures, un peu inopportun mais s’en sont-ils seulement rendu compte ? Je ne crois pas. Je me suis fait tout petit car j’ai vraiment voulu profiter d’un tel moment, de ce qui m’était offert. En profiter car des instants suspendus comme celui-ci, ça n’arrive pas souvent. Le plaisir peut aussi être pris dans la simple contemplation de deux êtres qui sont assis l’un à côté de l’autre et qui se sont contentés de parler ensemble. Et j’ai imaginé tant de choses à leur sujet. Je suis rentré chez moi car j’étais attendu pour un appel téléphonique peut-être difficile. Mais j’avais le sourire aux lèvres. « Les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics, bancs publics, bancs publics, en s'disant des "je t'aime" pathétiques ont des petites gueules bien sympathiques. »

Publicité
Publicité
Commentaires
C'est écrit
Publicité
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 199 017
Archives
C'est écrit
Publicité