le chat qui regrettait les messages des pigeons voyageurs

C’est l’histoire d’un chat qui attendait du courrier. Qui attendait le passage d’un facteur, jour après jour, semaine après semaine et même mois après mois. Un chat qui rêvait de recevoir des lettres voire des cartes postales. Des petits mots d’amour. Des mots de tous les jours. Des enveloppes avec des jolis timbres. Un chat qui aimait lire. Qu’on s’intéresse à lui. Les caresses et les gratouilles derrière les oreilles, oui, il aimait beaucoup ça mais c’était un chat qui était aussi et surtout un intellectuel. Les croquettes, le fromage blanc et les sardines à l’huile, c’est bon mais jamais autant qu’un bon petit steak haché avec un jaune d’œuf mélangé, dedans. Mais là encore, les nourritures terrestres, oui, il faut bien manger mais celles de l’esprit, pour lui, c’était tellement plus important.

Et comme le disait mon autre Stéphane, le poète, Stéphane Mallarmé : « La chair est faible, hélas et j’ai lu tous les livres. Fuir ! Là-bas, fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres d’être parmi l’écume inconnue et les cieux… » Oui, même pour le chat qui attendait du courrier. Même et surtout pour ce chat blanc avec une tâche marron sur une partie de la tête mais pas en-dessous des yeux. Son problème, jour après jour, semaine après semaine et même mois après mois, c’est le nombre de publicités que d’aucuns déversaient dans la boîte normalement réservée aux lettres qu’il attendait. Ses maîtres ne devaient pas connaître l’autocollant Stop Pub. Mais contre mauvaise fortune, bon cœur, le chat se couchait sur ces catalogues de magasins, supermarchés et autres attrape-humains.

Alors, l’autre jour, quand je l’ai vu en train d’attendre un éventuel facteur, au 32 de la rue Basse du Château, le regard un peu contrarié, je me suis arrêté pour l’observer et je me suis dit que vraiment, un chat, ça pouvait avoir une patience d’ange.  Et comme il n’avait pas l’air contre le fait que je m’approche, je l’ai fait et je lui ai demandé si ça allait. Il a remué sa queue pour la lover contre son corps allongé. Et je lui ai dit que peut-être il pourrait ne revenir qu’une fois la tournée du préposé postal terminée. Il m’a dit non, il préférait le voir de ses yeux. Et il m’a dit regretter les temps anciens où les messages étaient envoyés par des pigeons voyageurs. Non seulement il pouvait recevoir du courrier mais en plus, mais il aimait bien manger du pigeon. Alors que les facteurs n’avaient aucun goût.

Comments

[mamiecat37]

trop bien cette histoire" "vraie"" ,bien sûr qu'elle est vraie puisque il y a une photo de lui !! ça coulait de source sous les doigts qui tapaient sur le clavier !

[Policand Gérard]

joli conte!