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26 février 2021

chambre 206 (2)

La première fois, c’était le 11. La deuxième fois, c’était le 22. La prochaine fois, est-ce que ça sera le 33 ? Pourquoi ne pas imaginer une suite logique pour à chaque fois que nous nous verrons ? Et la fois d’après, on peut espérer être un 44 et la fois suivante, un bon 55 de derrière les fagots. Je plaisante mais l’heure est grave parce qu’il ne faut pas oublier que là, tu as raison, onze fait un peu chier. Et parce qu’il y a surtout des vieux et franchement, qu’est-ce qu’on fait là ? Alors qu’on aurait pu aller se promener, pas longtemps, sur des chemins et s’asseoir un peu dans l’herbe tendre de l’avant-printemps et attendre qu’un mirage passe. Oui, parce que les mirages, c’est comme les miracles, ça arrive que ça arrive. Mais attention, ça passe très vite et si on n’est pas prêt, on ne peut que le rater.

Mais au fond de moi, ce que je sais réellement, je ne vais pas te le dire parce que ce n’est pas ce que tu as envie d’entendre. Je sais très bien, moi, que les miracles sont moins fréquents que les mirages. Non. Mais je vais faire comme si, malgré tout. Et faire comme si j’étais heureux de venir te voir. Non pas que ça ne me fasse pas plaisir de te voir, loin de moi cette mauvaise idée mais c’est venir te voir là, dans la chambre 206 qui m’est toujours une épreuve. D’ailleurs, je ne sais pas si le plus dur, c’est entrer dans la chambre ou d’en sortir et faire avec toi le bout de couloir qui mène à la liberté, à ma pseudo-liberté. Comment pourrais-je jamais me sentir totalement libre en te sachant intégralement confiné là-bas ? Bien sûr, je vais continuer de faire comme si de rien n’était mais je n’en pense pas moins.

Pardon ? Tu manges des choses que tu ne connaissais pas ? Et c’est bon ? Tant mieux. Et j’espère que tu as bien rangé les chocolats, je ne voudrais pas qu’on vienne les manger à ta place. Il y a peut-être des petites souris, ici. Attends, écoute !... Tu entends ? Viens voir, vite, c’en est un ! Ah zut, tu l’as raté. C’est vrai que ça passe toujours très vite, les mirages. Mais tu l’as entendu ? C’est bien, je suis content pour toi. En tout cas, cette fois, j’ai bien observé ta chambre parce que l’autre fois, à travers les yeux embués et pendant le très court temps où nous sommes restés ensemble, je n’ai rien vu. Ou alors, je ne me souviens de rien. Mais là, je sais qu’il y a une table, deux endroits pour s’asseoir et une table de nuit. Mais malgré tout, malgré le bleu des murs, ça restera la chambre 206, je le crains.

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Commentaires
J
Bon ! Endroit difficile, on s’y sent tout petit en attente d’informations et impuissant.
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C
Un texte fort.....émouvant....qui me parle ! 👏
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