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20 octobre 2020

j’ai vraiment hésité à y aller

Dimanche après-midi, j’ai vraiment hésité à y aller, au rassemblement au soutien à la liberté d’expression, en soutien à la famille de Samuel Paty, cet enseignant décapité par un gros porc d’islamiste et aussi en hommage à ce professeur qui n’a rien fait de mal si ce n’est vouloir éduquer des incurables. À l’impossible, nul n’est tenu ? Auparavant, oui, peut-être. Sans doute. Aujourd’hui ? Non, plus depuis que l’obscurantisme a décidé de venir squatter chez nous. Bref, j’ai hésité à y aller car ça m’a démangé toute la matinée et quand je suis rentré de la promenade des chiens, avec le patron, j’y ai pensé pendant tout le trajet du retour et pendant le déjeuner aussi. Et j’en ai parlé avec le président et il m’a déconseillé d’y aller compte tenu du virus, des gestes barrières et tout et tout.

Oui, d’un côté, il a raison, ils ont raison, les présidents (je parle du mien tout autant que du nôtre), en ces temps troublés d’un point de vue sanitaire, ce n’est pas forcément très judicieux d’aller se grouper à plusieurs centaines voire plusieurs milliers même pour la meilleur de toutes les bonnes raisons. Et d’un autre côté, ne pas y aller, c’est une voix en moins pour crier qu’on est dans un pays libre, le pays qui a vu naître Voltaire, Hugo et Zola. Qu’on est dans un pays où on a le droit de rire de tout à condition de ne pas le faire avec n’importe qui, je suis d’accord. Qu’on est dans un pays où la caricature est un droit mais elle devrait même être un devoir. Qu’on est dans un pays laïc et qui dit « laïc » dit séparation des églises et de l’état et l’état, c’est le peuple. Les églises n’en sont qu’une partie.

J’ai préféré ne pas prendre de risque (sanitaire) et je n’y suis pas allé et je m’en suis voulu tout le reste de cette journée de dimanche. J’ai eu des regrets et j’ai eu des remords, les deux. J’ai fait l’autruche. Je n’ai pas exercé mon pouvoir de citoyen pour crier mon indignation contre ces porcs et mon émotion pour les victimes : le prof, sa famille, ses amis, ses élèves et tout le corps enseignant. Je me suis déçu d’avoir fait passer mon intérêt personnel avant l’intérêt collectif alors que je suis le premier à critiquer ça, chez les autres. Je ne rattraperai jamais le coup. Sauf en disant ce que je ressens, ici, même si je n’ai aucune influence. Même si ma voix ne porte pas bien loin pour ne pas dire, pas du tout. Alors voilà : pardon, monsieur Samuel Paty, j’aurais dû être là, moi aussi. J’ai failli.

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