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9 septembre 2020

tu n'es pas là : les sacs poubelles s’entassent

J’ai fait le vœu de ne plus descendre mes poubelles tant que tu ne seras pas là. Depuis ton départ, je me morfonds, je m’alanguis, je m’étiole. Moralement parlant parce que sinon, je continue de m’alimenter et de m’hydrater et de dormir. C’est une question de survie. Parce qu’on ne meurt pas d’une absence de l’autre. On s’ennuie, jour et nuit et on s’ennuie, nuit et jour. Mais on ne meurt pas.  On s’impatiente et on trépigne. On compte les heures et les minutes et les secondes et on se dit que décidément, c’est un supplice cruel que celui de l’attente de l’autre. Le retour de l’autre. L’autre qu’on espère revoir mais ce fol espoir ne pèse pas bien lourd face à la désespérance que cette interminable attente nous fait subir. Une attente interminable. Une situation presque minable.

J’ai fait le vœu de ne plus descendre mes poubelles tant que tu ne seras pas là. Depuis ton départ, je ne me suis plus lavé. C’est vrai : à quoi bon et pour qui et pourquoi ? Pour quoi faire ? Faire semblant. Faire comme si de rien n’était alors que rien n’est. Quand tu n’es pas là, plus rien n’est. Et moi, je n’ai pas envie de faire le moindre effort si ce n’est pas pour toi. J’ai envie de me laisser aller parce que plus personne n’est là pour me donner l’envie du contraire. Je n’ai plus aucune raison de prendre soin de moi hormis les choses basiques : manger, boire et dormir. Parce que je veux tenter de rester vivant au cas où tu reviendrais quand même. Sinon, seul le souvenir de toi ne sera jamais suffisant. Rien ne comblerait jamais ton absence définitive. Celle-ci n’est que provisoire mais elle est si lente.

J’ai fait le vœu de ne plus descendre mes poubelles tant que tu ne seras pas là. Je n’ai rien trouvé de mieux pour compter les jours depuis ton départ. Un jour passé égale un petit sac de déchets ménagers. D’épluchures de légumes. De pelures de fruits. De pots de yaourts vides. De miettes de pain. De croûtes de fromages. Parce que je ne suis plus qu’une épluchure moi-même. Je me pèle de froid quand tu n’es pas là. Je suis vidé de toute énergie pendant ton absence. Je suis bon à ramasser à la cuiller. Et si tu ne reviens jamais, je deviendrai une vieille croûte. Mais si tu reviens, un jour, alors, même si je compte les sacs de déchets, ce sera juste pour savoir combien de temps ton absence aura duré. Et je jetterai tout dans les conteneurs gris. Et je t’attendrai, les bras ouverts.

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