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20 juin 2020

le masque te va super bien

Nous ne nous étions pas vus depuis… Oh oui, au moins… Oui, c’est ça, environ 40 ans. Ça fait 4 décennies que nous ne nous sommes pas vus. Déjà que nous n’avons jamais été proches, quand nous étions enfants ou adolescents mais là, rien, non, rien de rien, je ne regrette rien. Ben oui, pourquoi voudrait-on que je regrette quelque chose qui n’a pas existé et qui n’avais pas de raison d’exister. On ne peut pas forcer ses sentiments. On ne peut pas en inventer. Je ne dis pas qu’il n’y a pas eu d’affection entre nous mais c’était probablement au niveau le plus bas car nous étions obligés de nous voir à travers nos parents, quand nous étions enfants mais après, chacun a fait sa vie et en plus, de nombreux hasards ont fait qu’on n’a jamais eu à se croiser. Nos chemins sont restés parallèles.

Et là, mercredi, alors que nous étions à Fouras, oui, nous nous sommes vus. Et pour le coup, c’était sur un sacré coup de dés, un de ceux qui n’abolissent jamais les hasards. Ça s’est passé malgré nous. Qui a reconnu l’autre, je pense que ce n’est pas moi parce que moi, je crois bien que je l’ai pris pour quelqu’un d’autre. Et j’ai vite compris ma méprise tout en me disant : je rêve, je vais me pincer l’avant-bras et je vais me réveiller. Ça n’est pas possible, ça n’existe que dans les feuilletons télévisés quotidiens, ce genre de retrouvailles, pas dans la vraie vie. Et je n’ai rien eu à lui dire et lui non plus, en tout cas, pas vraiment. Ça n’a pas été froid mais ça n’a pas été chaleureux non plus, loin s’en faut. Et ça n’a pas duré longtemps. Quoi ? Ben, une cinquaine de minutes, tout au plus. Allez, peut-être sept.

Puis, après m’être dit que des deux, je suis le plus vieux mais que je faisais le plus jeune. Que j’étais resté plus mince que lui, je me dis que j’aurais pu être très salopard : « Waow, dis donc, pour quelqu’un de plus jeune que moi, qu’est-ce que tu es ridé ! » ou/et « Eh bien, pour un prof de sports, un doute m’habite, tu es comme les cordonniers, très mal chaussé ! Le sport, tu le fais devant un écran depuis chez toi, en télétravail ? » Mais je ne suis pas comme ça, moi. La seule chose positive que j’ai su dire, avec beaucoup, beaucoup de diplomatie, comme je sais si bien le faire, ça a été : « Finalement, le masque te va super bien. Tu es tellement mieux avec ! » Mais comme je ne suis pas quelqu’un de fondamentalement méchant, je me suis vraiment écrasé mais je n’en ai pas pensé moins.

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